﷽
Sourate Al–Fath
(La conquête)
Récitée par Cheikh Saad-El-Ghamidi
Nom
La sourate tire son nom du tout premier verset, de l’expression "Innâ fatahn â laka fathan mubînâ" (Certes, nous t’avons accordé une conquête éclatante). Al-Fath (La Conquête) est non seulement le nom de la sourate, mais est aussi le sujet qui y est traité, car elle a trait à la grande victoire qu’Allâh a assurée au Saint Prophète et aux Musulmans à travers la trêve d’Al-Hudaybiyah.
Période de Révélation
Les traditions s’accordent à dire qu’elle a été révélée au mois de Dhul-Qi`dah en l’an 6 de l’Hégire, alors que le Saint Prophète revenait vers Médine, après avoir conclu la Trêve d’Al-Hudaybiya avec les mécréants de la Mecque.
Contexte Historique
Les événements en rapport avec cette sourate commencèrent comme suit : Un jour le Saint Prophète vit en songe qu’il marchait vers La Mecque avec ses Compagnons et il se vit en train d’y accomplir la Oumra. De toute évidence, le rêve du Prophète ne pouvait être un rêve anodin, ni une simple fiction, il s’agissait plutôt d’une inspiration Divine comme Allâh Lui-Même le confirma plus bas dans le verset 27 où il dit que Lui-Même avait montré ce rêve à son Messager . Par conséquent, il ne s’agissait pas d’un simple rêve, mais d’une inspiration divine que le Saint Prophète devait exécuter et suivre.
Apparemment, il ne semblait pas possible de se conformer à cette inspiration. Les Qurayshites incrédules avaient défendu aux musulmans de se rendre à la Ka`bah au cours des six dernières années et aucun musulman n’avait été autorisé pendant cette période à approcher la Ka`bah afin d’accomplir le Hajj et la Oumra. Par conséquent, on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’ils permettent au Saint Prophète d’entrer à La Mecque accompagné de ses Compagnons. Si les musulmans se rendaient à La Mecque vêtue de leurs vêtements de pèlerinage et avec l’intention d’accomplir le Hajj, tout en emportant leurs armes, cela aurait provoqué leurs ennemis et donc incité à la guerre. Mais s’ils s’y rendaient sans armes, cela revenait à mettre leur vie en danger.
Dans de telles conditions, personne ne voyait comment l’inspiration divine pouvait être réalisée. Mais le point de vue du Prophète était différent. Il se devait d’exécuter l’ordre que son Seigneur lui intimait, quel qu’il fût, sans aucune crainte, ni aucune appréhension, ni aucun doute. Par conséquent, le Saint Prophète informa ses Compagnons de son rêve et commença à faire les préparatifs du voyage. Parmi les tribus vivant dans les environs, il fit également l’annonce publique qu’il allait accomplir la Oumra et que les gens pouvaient se joindre à lui. Ceux qui en jugèrent, selon les conditions apparentes, pensèrent que lui et ses Compagnons allaient se jeter dans la gueule du loup et donc personne n’était enclin à les accompagner dans cette expédition. Mais ceux qui avaient vraiment foi en Allah et en Son Messager étaient les moins gênés par les conséquences. Pour eux, le fait que l’inspiration soit divine et que le Prophète d’Allah ait décidé de mener à bien ce projet suffisait. Après cela, rien ne pouvait les empêcher d’accompagner le Messager d’Allah .
Ainsi, mille quatre-cents compagnons se préparèrent à le suivre dans ce voyage hautement périlleux. Cette caravane bénie se mit en route pour Médine au début du mois de Dhoul-Qi`dah, en l’an six de l’Hégire. À Dhoul-Hulayfa, ils revêtirent leurs vêtements de pèlerins avec l’intention d’accomplir la Oumra. Ils prirent soixante-dix chameaux avec des colliers autour du cou, indiquant par là qu’ils étaient destinés au sacrifice ; ils gardèrent seulement chacun une épée dans son fourreau, ce que tout pèlerin de la Ka`bah était autorisé à porter selon la coutume reconnue en Arabie, à l’exclusion de toute autre arme. Ainsi, la caravane partit pour la Ka`bah, la Maison d’Allah à La Mecque, en chantant l’invocation prescrite : "Labbayk Allâhuma Labbayk !".
La nature des relations entre La Mecque et Médine à cette époque n’était que trop bien connue de tous les arabes. Tout juste l’année précédente, au mois de Shawwâl de l’an 5 de l’Hégire, les Qurayshites avaient rassemblé les tribus arabes en une coalition et avaient assailli Médine et c’est là qu’avait eu lieu la Bataille de la Tranchée. Donc, quand le Saint Prophète se mit en route avec une si grosse caravane pour la ville d’origine de son ennemi assoiffé de sang, toute l’Arabie fut stupéfaite ; les gens remarquèrent également que la caravane n’avait pas l’intention de se battre, mais qu’elle se dirigeait vers la Maison d’Allah pendant "un mois sacré" en tenue de pèlerinage emmenant avec elle les animaux à sacrifier et qu’elle était totalement dépourvue d’armes.
Les Qurayshites étaient déconcertés par cette initiative audacieuse prise par le Saint Prophète . Dhoul-Qi`da était l’un de ces mois sacrés et de paix où s’effectuait le pèlerinage en Arabie depuis des siècles. Personne, pendant ce mois, n’avait le droit d’interférer avec une caravane qui pourrait venir pour le >Hajj ou la Oumra en tenue de pèlerinage ; cela était tellement sacré, que même une tribu ennemie ne pouvait être empêchée de traverser son territoire selon la règle reconnue dans ce pays.
Les Qurayshites se trouvaient donc face à un dilemme, car s’ils attaquaient cette caravane médinoise et l’empêchaient de rentrer à la Mecque, cela soulèverait une vague de protestation dans toute la région et toutes les tribus arabes penseraient que les Qurayshites voulaient monopoliser la Ka`bah, et chaque tribu se serait méfiée car cela aurait signifié que l’autorisation d’accomplir l'Hajj ou la Oumra ne dépendrait à l’avenir que de la volonté des Qurayshites et que ceux-ci auraient empêché toute tribu avec laquelle ils étaient en froid de visiter la Ka`bah (Mecque), tout comme ils avaient arrêté les pèlerins Médinois. Ils pensèrent que ce serait là une grave erreur, qui pourrait soulever contre eux une vaste révolte dans toute l’Arabie. Mais d’autre part, s’il permettait à Mohammed et à son importante caravane d’entrer dans la ville en toute sécurité, ils perdraient leur image de pouvoir en Arabie et les gens diraient qu’ils ont eu peur de Mohammed .
Finalement, après une grande vague de confusion, de perplexité et d’hésitation, leur soi-disant sens de l’honneur prit le dessus et, au nom de leur prestige, ils décidèrent d’empêcher à tout prix l’entrée dans la cité de la Mecque de la caravane.
Le Saint Prophète avait envoyé un homme des Banou Ka`b pour espionner les Qurayshites afin qu’il soit tenu informé de leurs intentions et leurs mouvements. Quand le Saint Prophète atteignit Ousfan, cet homme leur fit savoir que les Qurayshites avait atteint Dhou Tuwa avec tout un équipement et qu’ils avaient envoyé Khâlid Ibn Al-Walîd avec deux cents cavaliers en détachement en direction de Koura` Al-Ghamim pour les intercepter. Les Qurayshites voulaient d’une façon ou d’une autre provoquer les Compagnons du Saint Prophète au combat afin qu’ils puissent dire aux autres Arabes que la caravane s’était déplacée effectivement pour se battre et que leurs tenues de pèlerins n’étaient qu’une ruse.
En recevant ces informations, le Saint Prophète changea immédiatement d’itinéraire et suivit une piste tortueuse et rocheuse pour arriver à Houdaybiya qui était située juste à la frontière du territoire sacré de La Mecque. Là, il reçut la visite de Boudayl Ibn Warqa, le chef des Banou Khuza`ah, accompagné de quelques hommes de sa tribu. Ils lui demandèrent pourquoi il était là. Le Saint Prophète répondit que lui et ses Compagnons étaient venus seulement pour le pèlerinage à la Maison d’Allah et pour tourner autour d’elle en tant qu’acte d’adoration et non de guerre. Les hommes de Khouza`ah allèrent répéter cela aux chefs de Quraysh et leur conseillèrent de ne pas interférer avec des pèlerins. Mais les Qurayshites étaient obstinés. Ils envoyèrent Houlays Ibn `Alqamah, le chef des Ahabish, au Saint Prophète pour le persuader de repartir. Ils espéraient que quand Mohammed refuserait d’écouter Houlays, ce dernier reviendrait déçu et par conséquent les Ahabish s’aligneraient de leur côté.
Mais quand Houlays revint et vit que toute la caravane portait ses vêtements de pèlerinage, qu’elle avait apporté des chameaux à sacrifier avec des colliers festifs autour du cou et qu’elle était venue pour vénérer la Maison d’Allah et non pas pour se battre, il retourna à la Mecque sans avoir discuté avec le Saint Prophète . Il dit clairement au chef de Quraysh que ces gens-là n’avaient d’autre objectif que celui de rendre visite à la Ka`bah ; s’ils avaient l’intention d’interdire leur entrée, les Ahabish n’allaient pas s’associer à un tel acte, parce qu’ils ne s’étaient pas alliés à eux pour les soutenir au détriment des traditions et des coutumes sacrées.
Ensuite, les Qurayshites envoyèrent Ourwa Ibn Mas`ûd Ath-Thaqafî ; il entra dans de longues négociations avec le Saint Prophète afin de le persuader d’abandonner son idée de rentrer dans la cité mecquoise. Mais le Saint Prophète lui donna la même réponse que celle donnée à Khouza`ah, à savoir qu’il n’était pas venu pour se battre, mais pour faire honneur à la maison d’Allah et faire son devoir religieux. Ourwah repartit et dit aux Qurayshites : " J’ai été dans les cours de César et de Chosroes, ainsi qu’à celle du Négus, mais par Dieu, jamais, je n’ai vu un peuple aussi dévoué à un roi comme le sont les Compagnons de Mohammed . Quand Mohammed faisait ses ablutions, ils ne laissaient pas l’eau utilisée tomber sur le sol, mais ils s’en frottaient le corps et les vêtements. Maintenant, à vous de voir ce que vous avez à faire".
Parallèlement, alors que les messages arrivaient et les négociations étaient encore en cours, les Qurayshites essayaient inlassablement de lancer en secret des attaques sur le camp musulman afin de provoquer les Compagnons et de quelque façon que ce soit les inciter à la guerre. Mais, à chaque fois, la tolérance, la patience des Compagnons et la sagacité du Prophète finissaient par frustrer leurs desseins. Une fois, quarante ou cinquante de ces hommes vinrent la nuit et attaquèrent le camp musulman avec des pierres et des flèches. Les Compagnons les emprisonnèrent tous et les présentèrent au Saint Prophète , mais il les laissa partir.
Lors d’une autre tentative, quatre-vingts hommes vinrent en provenance de Tan`îm juste au moment de la prière de Fajr et tentèrent une attaque surprise. Ils furent également pris, mais une fois de plus le Saint Prophète leur pardonna. Ainsi, les Qurayshites continuèrent à récolter échec après échec dans chacune de leurs tentatives. Enfin, le Saint prophète fit de Othman son messager pour les mecquois, afin de les informer qu’ils n’étaient pas venus pour se battre, mais seulement en vue du pèlerinage, qu’ils avaient apporté avec eux les chameaux à sacrifier ensuite qu’ils allaient repartir après le pèlerinage et le sacrifice. Mais les Qurayshites n’étaient pas d’accord et retinrent Othman dans la cité.
Pendant ce temps, une rumeur colporta l’assassinat de Othman . Ne le voyant pas revenir dans les délais prévus, les Musulmans crurent à cette rumeur. Ils ne pouvaient alors plus faire preuve de tolérance. Le motif de l’entrée à La Mecque changea à ce moment précis. Initialement, ils n’avaient pas l’intention d’utiliser la force. Mais après la mise à mort de leur ambassadeur, les Musulmans n’avaient d’autre choix que celui de préparer la guerre. Ensuite le Saint Prophète rassembla tous ses Compagnons et leur fit jurer de lutter jusqu’à leur mort. Étant donné la situation critique, il ne s’agissait pas d’un engagement ordinaire. Les musulmans présents n’étaient lorsque mille quatre cents. Ils étaient venus sans armes, faisaient camp à la frontière de la Mecque, à quatre cents kilomètres de leur ville. L’ennemi pouvait attaquer en force et les cerner grâce à ses alliés des tribus voisines.
Néanmoins, aucun membre de la caravane, sauf un, ne refusa de porter le serment de lutter jusqu’à la mort, et il ne pouvait y avoir une meilleure preuve de dévouement et de sincérité pour la cause d’Allah. Cette promesse fit son entrée dans l’histoire de l’islam sous le nom de "Serment de l’Agrément" (Bay`at Ar-Ridwân). Plus tard, on apprit que notre Outhman était vivant. Non seulement fut-il relâché, mais arriva une délégation Qurayshite sous la direction de Souhayl Ibn `Amr pour négocier la paix avec le Saint Prophète . Les Qurayshites n’insistèrent plus alors sur l’interdiction de l’entrée à La Mecque du Saint Prophète et de ses Compagnons. Cependant, pour garder la face, ils insistèrent pour que cette année-là, il retourne à Médine et qu’il revienne l’année suivante pour accomplir la Oumra.
Après de longues négociations, la paix fut conclue sous les termes suivants :
• La guerre serait suspendue pendant dix ans, puis aucun camp ne se prêtera à aucune hostilité, ouverte ou secrète, contre l’autre.
• Si durant cette période, un homme de Quraysh passait du côté de Mohammed sans la permission de son gardien, il leur serait livré, mais si un Compagnon de Mohammed passait du côté de Quraysh, il ne leur serait pas rendu.
• Chaque tribu arabe aurait la liberté de s’allier à l’un ou l’autre camp et de s’engager dans des traités avec lui.
• Mohammed et ses hommes pourraient repartir cette année et revenir l’année suivante pour la Oumra et rester à La Mecque trois jours, à condition qu’ils n’apportent avec eux qu’un sabre dans son fourreau et aucune autre arme de guerre. Pendant ces trois jours, les habitants de La Mecque quitteraient la cité pour eux (pour éviter tout risque de conflit) mais ils n’avaient pas le droit d’emmener avec eux un seul de ses habitants au retour.
Lorsque les conditions du traité furent réglées, l’armée musulmane entière était profondément peinée. Personne ne comprenait l’intérêt que le Saint Prophète trouvait en acceptant ces conditions. Personne n’avait la clairvoyance pour prévoir le grand bénéfice qui allait résulter de ce traité. Les Qurayshites incrédules le considéraient comme une victoire et les Musulmans, attristés, se demandaient pourquoi s’humilier en acceptant ces conditions misérables. Même un homme d’État du calibre d'Omar dit qu’il n’avait à aucun moment douté depuis qu’il avait embrassé l’islam, mais qu’à cette occasion, il n’avait pu s’en empêcher. Brûlant d’impatience, il alla trouver Abou Bakr et lui dit : "N’est-il pas le Messager d’Allah et ne sommes-nous pas des musulmans, et eux ne sont-ils pas des polythéistes ? Alors pourquoi devrions-nous accepter ce qui est humiliant pour notre Foi ? " Il lui répondit : " Ô Omar, il est très certainement le Messager d’Allah, et Allah ne fera jamais de lui un perdant". Insatisfait, il alla voir le Saint Prophète lui-même et lui posa les mêmes questions, et il lui répondit de la même manière que Abou Bakr . Après cela, Omar continua à offrir des prières surérogatoires et à faire l’aumône afin qu’Allah lui pardonne son insolence envers le Saint Prophète à cette occasion.
Deux choses dans ce traité étaient très ennuyeuses pour les Musulmans. Tout d’abord, la deuxième condition qu’ils considéraient comme expressément injuste : s’ils devaient rendre un fugitif en provenance de La Mecque, pourquoi les Qurayshites ne renverraient-ils pas un fugitif de Médine ? À cela le Saint Prophète répondit : "À quoi nous servirait celui qui a fui de chez nous ? Qu’Allah le garde loin de nous ! Et si nous rendons celui qui a fui de chez eux, Allah lui donnera d’autres échappatoires".
L’autre point qui leur restait sur le cœur était la quatrième condition. Les Musulmans pensaient qu’en l’acceptant, ils repartaient perdants et cela était humiliant. De plus, Ils étaient peinés de repartir sans avoir accompli la Oumra, alors que le Saint Prophète les avait vus en songe accomplir le tawâf de La Mecque. À cela, le Saint Prophète répondit, que dans sa vision l’année n’était pas précisée. Selon les conditions du traité, ils pourraient donc accomplir le tawâf l’année suivante selon la Volonté d’Allah .
Au moment où le document était en cours de rédaction, le propre fils de Souhayl Ibn `Amr, Abou Jandal, qui s’était converti et qui avait été emprisonné par les païens de La Mecque, parvint à s’échapper pour le camp du Saint Prophète . Il avait des chaînes aux pieds et des traces de violence sur le corps. Il implora le Saint Prophète de l’aider à le libérer de sa prison. Cette scène ne fit qu’accroître le découragement des Compagnons et ils étaient profondément émus. Mais Souhayl Ibn `Amr répondit que les conditions de l’accord avaient été conclues entre les parties avant que la rédaction de celui-ci ne soit terminée ; par conséquent, le garçon devait leur être remis. Le Saint Prophète admit son argument et Abou Jandal fut remis à ses oppresseurs.
Lorsque le document fut terminé, le Saint Prophète parla aux Compagnons et leur dit de sacrifier leurs animaux sur place, qu’ils rasent leurs têtes et qu’ils ôtent leurs vêtements de pèlerins, mais personne ne bougea. Le Saint Prophète répéta l’ordre trois fois, mais les Compagnons étaient tellement envahis par leur déprime et leur abattement qu’ils n’obtempérèrent pas. Pendant toute la période de sa mission prophétique, à aucun moment, il n’avait eu à ordonner à ses Compagnons de faire une chose sans qu’ils ne s’empressent de l’accomplir. Cela lui causa un grand choc, et il se rendit sous sa tente et exprima sa peine à sa femme, Oum Salama. Elle le conseilla en disant : " En silence, va sacrifier ton chameau, fais venir un barbier, ensuite fais-toi raser. Après cela, les gens feront automatiquement ce que tu auras fait et ils comprendront que ta décision est prise et ne changera pas".
C’est précisément ce qui se passa. Les gens égorgèrent leurs animaux, se rasèrent la tête ou se raccourcirent les cheveux et retirèrent leurs tenues de pèlerins, mais leurs cœurs étaient encore affligés.
Plus tard, quand la caravane repartit pour Médine, déprimée et abattue par la trêve de Houdaybiya, cette sourate fut révélée à Janan (ou selon d’autres narrations à Koura` Al-Ghamim). Elle dit aux Musulmans que ce traité qu’ils considéraient comme une défaite était en fait une grande victoire. Après sa révélation, le Saint Prophète convoqua les Musulmans et leur dit : " Aujourd’hui, voici ce qui m’a été révélé et qui, à mes yeux, vaut plus que toute chose dans ce monde et ce qu’il contient". Il récita alors cette sourate, particulièrement pour Omar , car c’était celui qui se sentait le plus abattu.
Bien que les croyants fussent satisfaits à l’écoute de cette Révélation Divine, peu de temps après, les avantages de ce traité commencèrent à apparaître les uns après les autres, jusqu’à ce que tout le monde soit parfaitement convaincu que ce traité de paix était en effet une grande victoire :
• Pour la première fois, l’existence d’un État islamique en Arabie était dûment reconnue. Avant cela, aux yeux des Arabes, la position du Saint Prophète Mohammed et de ses Compagnons n’était pas meilleure que celle des rebelles opposés à Quraysh et aux autres tribus arabes : ils les considéraient • comme hors-la-loi. Les Qurayshites, eux-mêmes, en concluant cet accord avec le Saint Prophète , reconnaissaient sa souveraineté sur les territoires de l’État Islamique et ouvraient la voie aux tribus arabes pour leur permettre de conclure des traités d’alliance avec le pouvoir politique de leur choix.
• En admettant le droit des musulmans d’accomplir le pèlerinage à la Maison d’Allah, les Qurayshites admettaient aussi que l’Islam n’était pas un principe anti-religieux, ce qu’ils pensaient jusque-là, mais qu’il s’agissait d’une des religions admises en Arabie. Comme les autres Arabes, les disciples de cette religion avaient aussi le droit d’accomplir les rites de l'Hajj et de la Oumra. Ceci réduit la haine dans les cœurs des arabes causée par la propagande contre l’Islam, perpétrée jusque-là par les Qurayshites.
• La signature d’un pacte de non-agression de 10 ans apporta la paix totale aux Musulmans. Dans tous les coins et recoins de l’Arabie, ils prêchèrent l’Islam avec un tel esprit et une telle vitesse qu’en l’intervalle des deux années qui suivirent Houdaybiya le nombre de ceux qui embrassèrent l’Islam dépassa largement celui de ceux qui embrassèrent l’Islam pendant les années précédentes. C’était à cause de ce traité que deux ans plus tard, suite à la violation par les Qurayshites du traité, que le Saint Prophète envahit la Mecque, il était accompagné d’une armée de 10 000 hommes forts, alors qu’au moment de Houdaybiya seulement 1400 hommes avaient rejoint la marche.
• Après la suspension des hostilités par les Qurayshites, le Saint Prophète eut l’opportunité d’établir et de renforcer la loi islamique dans ses territoires, de transformer la société islamique en une civilisation à part entière et en un mode de vie avec la mise en vigueur de la loi islamique. C’est à propos de cette grande bénédiction qu’Allah dit au verset 3 de la sourate Al-Mâ’ida : "Aujourd’hui Je vous ai parfait votre religion, J’ai parachevé Mon bienfait sur vous et approuvé pour vous l’Islam comme Le Mode de Vie. "
• Un autre bénéfice qui provenait de la Trêve avec les Qurayshites était qu’ayant une paix assurée dans le sud, les Musulmans prirent le pouvoir sur les forces adverses dans le nord et le centre de l’Arabie facilement. Trois mois seulement après le traité de Houdaybiya, Khaybar, la principale forteresse des juifs, fut conquise et après cela, la colonie juive de Fadak, Wâdil-Qourâ, Taym et Tabouk passèrent sous contrôle musulman les unes après les autres. Ensuite, toutes les autres tribus d’Arabie centrale, qui étaient alliées aux juifs et aux Qurayshites, passèrent dans le giron de l’Islam. Ainsi, deux ans après Houdaybiya, l’équilibre des pouvoirs avait tellement changé que la force des Qurayshites et des païens fléchit et la domination de l’Islam devint certaine.
Telles étaient les bénédictions que les Musulmans récoltèrent du traité de paix qu’ils considéraient comme une défaite et que les Qurayshites voyaient comme une victoire. Cependant, ce qui avait troublé les Musulmans plus que tout dans ce traité, c’était la condition à propos des fugitifs de la Mecque et de Médine, selon laquelle les premiers seraient rendus alors que les seconds non. Mais peu de temps après, cette condition s’avéra désavantageuse pour les Qurayshites, et l’expérience révéla à quel point le Saint Prophète avait bien vu la portée de ses conséquences et c’est pourquoi il les avait acceptées.
Quelques jours après le traité, un Musulman de la Mecque, Abou Basîr, s’était échappé des mains de Quraysh pour rejoindre Médine. Les Qurayshites exigèrent de le récupérer et le Saint Prophète le rendit aux hommes qui avaient été envoyés de La Mecque pour l’arrêter. Mais sur le chemin du retour vers La Mecque, il s’enfuit de nouveau et s’installa sur la route près des côtes de la Mer Rouge, que les caravanes marchandes de Quraysh empruntaient pour se rendre en Syrie. Après cela, tout musulman qui parvenait à s’échapper des mains de Quraysh allait rejoindre Abou Basîr au lieu d’aller à Médine, jusqu’à ce que leur nombre s’élevât à soixante-dix hommes. Ils s’en prirent à toute caravane de Quraysh passant par là et la dépecèrent, si bien que les Qurayshites supplièrent le Saint Prophète d’appeler ces hommes à Médine. La condition à propos du retour des fugitifs devint caduque d’elle-même.
La sourate devrait être lue en gardant ce contexte historique à l’esprit pour en avoir une bonne compréhension.
Interprétation de la sourate - Tafsir Smaïl abn Kathir
Nous prions Allah de nous conduire sur le chemin de la vérité et de nous aider à le suivre avec patience et assiduité. De nous indiquer le faux et de nous aider à l’éviter. Louange à Allah, Seigneur des mondes. Que la paix et le salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed , sur sa famille et tous ses compagnons .
Wa Allâhou A’lam
Allah est le plus savant
Le savoir parfait appartient à Allah, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que paix et salut soient sur notre Prophète Mohammed , ainsi que sur sa Famille, et qu’Allah soit satisfait de ses successeurs (califes) bien dirigés : Abou Bakr, 'Omar, 'Othman et Ali et les autres compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.
Qu'Allah nous protège tous contre le mal des mauvais caractères et des passions, il est certes celui qui entend les invocations, et c’est celui vers qui est l’espoir, il nous suffit et est notre meilleur garant.
Si j'ai écrit quelque chose qui contredit ce qu'Allah dit, ou ce que le Prophète Mohammed a dit, fait ou toléré, ou un principe établi par consensus, il s'agit d'une erreur de ma part et l'influence du diable, cela est à délaisser. Seul le Prophète Mohammed est infaillible dans ce qu'il a dit ou a fait. Seul Allah est Parfait.
Je demande humblement à Allah de m'accorder la sincérité dans l'intention et Sa Clémence et d'unir tous les musulmans
sous la bannière du Prophète Mohammed afin que nous soyons parmi les gagnants le Jour du Jugement.