﷽
Sourate Al–Ahzâb
(Les Coalisés)
Récitée par Cheikh Saad-El-Ghamidi
Nom
La sourate tire son nom "Al-Ahzâb" du verset 20.
Période de Révélation
La sourate parle de trois événements importants qui sont : la Bataille de la Tranchée (ou Al-Ahzab : les Clans ou les Coalisés), qui eut lieu pendant le mois de Shawwâl, en l’an 5 après l’Hégire ; l’attaque contre les Banou Quraydhah, entreprise durant Dhoul-Qi`dah, en l’an cinq après l’Hégire ; et le mariage du noble Prophète avec Zaynab , contracté le même mois de la même année. Ces événements historiques déterminent exactement la période de la révélation de cette sourate.
Contexte Historique
La défaite de l’armée islamique dans la Bataille d’Ouhoud (en l’an 3 après l’Hégire) résultant de l’erreur des archers désignés par le Prophète a tellement contribué à renforcer le moral des païens arabes, des juifs et des hypocrites qu’ils se crurent bientôt capables d’exterminer complètement l’Islam et les musulmans. Leur bon état moral peut s’expliquer par les événements qui suivirent Ouhoud. À peine deux mois s’étaient écoulés lorsque la tribu des Banou Asad de Najd commença à préparer une attaque contre Médine. Le noble Prophète dut envoyer un contingent sous le commandement d’Abou Salama pour les neutraliser.
Au mois de Safar de l’an quatre après l’Hégire, certaines personnes des tribus d’Adal et de Qarah demandèrent au noble Prophète d’envoyer quelques hommes pour les instruire sur l’Islam. Par conséquent, il permit à six de ses compagnons de les accompagner pour ce projet. Mais à Raji (entre Rabigh et Jeddah), ils appelèrent Houdhail à se rebeller contre eux, qui tua quatre des compagnons et emmena les deux autres (Khoubaib Ibn Adi et Zayd Ibn ad-Dathinna à la Mecque pour les vendre à l’ennemi.
Par ailleurs, en ce même mois de Safar, à la demande d’un chef des Banou `Âmir, le noble Prophète envoya une députation de quarante (selon d’autres soixante dix) prêcheurs afin de former les jeunes hommes Ansars, à Najd. Mais ils furent également trahis. Les gens d’Ousayya, Ri’l et Dhakwan, des tribus de Banou Soulaym, les encerclèrent par surprise à Bi’r Ma`ouna et les assassinèrent tous. Pendant ce temps, la tribu Juive de Banou an-Nadir de Médine, grandement encouragée, continuait de violer les traités ; à tel point que durant Rabi’al Awwal, de l’an 4 de l’Hégire, ils complotèrent contre la vie du saint Prophète lui-même. Ainsi, durant Joumâdâ Al-Ûlâ, de l’an 4, les Banou Thalba et les Banou Mouharib, deux tribus des Banou Ghatafan, entamèrent les préparatifs de l’attaque de Médine. Le saint Prophète dut les punir. Donc, encore après leur défaite à Ouhoud, les musulmans continuèrent à subir des répercussions pendant sept à huit mois.
Cependant, c’était la détermination du noble Prophète ainsi que la sagesse et l’esprit de sacrifice de ses grands compagnons qui changèrent radicalement ces conditions défavorables en un laps de temps très court. Le boycott économique par les Arabes avait rendu la vie dure aux gens de Médine. Toutes les tribus polythéistes autour de Médine se rebellaient. À l’intérieur même de Médine, les mesquineries des juifs et des hypocrites furent vaines. Les avancées successives faites par une poignée de musulmans sincères, sous la direction du noble Prophète , ont non seulement rétabli l’image de force de l’Islam en Arabie, mais aussi permis d’augmenter le nombre de fidèles.
Les attaques précédant la Bataille de la Tranchée
Le premier retournement de situation eut lieu immédiatement après la Bataille d’Ouhoud, lorsqu’on dénombra les blessés et pleura les martyrs. Le noble Prophète lui-même était consterné et attristé par la mort de son oncle, Hamza . Ce même jour, il appela les fervents serviteurs de l’Islam à l’accompagner dans la poursuite des païens afin de les dissuader de toute nouvelle attaque contre Médine. Les calculs du noble Prophète était absolument juste. Il savait bien que Les gens de Quraysh allaient regretter au cours d’une halte d’être parti aussi rapidement de Médine, sans tirer profit de leur victoire et qu’ils allaient vouloir revenir sur leurs pas. Aussi décida-t-il de partir à leur poursuite et, immédiatement, six cent trente musulmans proposèrent de l’accompagner. Quand ils atteignirent Hamra Al-Asad sur la route de la Mecque, ils campèrent là pendant trois jours, le temps que le noble Prophète prenne des renseignements. Il apprit d’un non-musulman sympathisant qu’Abou Soufyân était resté à Ar-Rawha, à 36 miles de Médine, avec une armée forte de 2 978 hommes, qu’ils regrettaient leur erreur et projetaient effectivement de retourner attaquer Médine. Toutefois, quand ils entendirent que le noble Prophète s’était lancé à leur poursuite avec une armée, ils renoncèrent à leur plan. Par ailleurs, l’initiative du Prophète convainquit les ennemis vivant autour de Médine que les musulmans étaient menés par une personne sage et résolue, très bien informée. Par la promptitude de leur réaction, les musulmans prouvèrent qu’ils étaient, à jamais, prêts à donner leurs vies sur son simple commandement. (Pour plus de détails, voir l’introduction à la Sourate Âl Imrân.)
Alors dès que les Banou Asad commencèrent les préparatifs d’un raid sur Médine, les agents secrets du noble Prophète l’informèrent sur leurs intentions. Avant qu’ils ne puissent entrer en force dans Médine, il envoya une armée de 150 hommes, sous le commandement d’Abou Salama (le premier mari d’Oum Salama) pour les punir. Pris au dépourvu, les Banou Asad tombèrent entre les mains des musulmans et fuirent de panique, laissant tous leurs biens derrière eux.
Après cela, ce fût au tour des Banou an-Nadir. Le jour où ils complotèrent contre la vie du noble Prophète et où le secret fût révélé, le noble Prophète leur ordonna de quitter Médine dans les dix jours et promit la mort à ceux qui comptaient rester au-delà du délai. Abdoullah Ibn Oubay, le chef des hypocrites de Médine, les encouragea à défier cet ordre et à refuser de quitter Médine. Il leur promit même de les aider avec 2 000 hommes et leur assura que les Banou Ghatafan de Najd allaient les soutenir. Convaincus, les Banou an-Nadir envoyèrent le message qu’ils ne partiraient pas, et ce, quelle que soit la réaction du noble Prophète .
Aussitôt que le délai fixé à dix jours vint à échéance, le noble Prophète mit le siège à leurs quartiers et aucun de leurs partisans n’eût le courage de venir à leur secours. Ils finirent par se rendre à la condition qu’on leur permette, par groupe de trois, de charger un chameau avec ce qu’ils pourraient porter et partir, laissant le reste de leurs biens derrière eux. Les faubourgs entiers de la ville qui avaient été peuplés par les Banou an-Nadir, leurs jardins, leurs forteresses ainsi que d’autres propriétés passèrent aux mains des musulmans. Les gens de cette tribu déloyale furent dispersés à Khaybar, wad il Qura et en Syrie.
Ensuite, le noble Prophète se concentra sur les Banou Ghatafan, qui préparaient une guerre contre Médine. Accompagné de quatre cents musulmans, il les rattrapa à Dhat ar-Riqa. L’effet de surprise était si réussi qu’ils fuirent de leurs maisons sans lutter et prirent refuge dans les montagnes.
Ensuite, pendant le mois de Sha`bân de l’an quatre de l’Hégire, le noble Prophète se mit en route pour se combattre Abou Soufyân à Badr. À la fin de la Bataille d’Ouhoud, ce dernier avait défié le noble Prophète et les musulmans, en leur disant : "Nous vous rencontrerons à nouveau au combat, l’année prochaine, à Badr." En réponse, le noble Prophète annonça par l’intermédiaire d’un compagnon : "D’accord : nous acceptons ton défi." Ainsi, quand le moment fût venu, il arriva à Badr avec 1 500 musulmans. De l’autre côté, Abou Soufyan était à la tête d’une armée de 2 000 hommes, qui n’eurent néanmoins pas le courage de marcher au-delà de Marr-az-Zahran (nouvellement, Oued Fatima). Le noble Prophète attendit à Badr pendant huit jours. Pendant ce temps, les musulmans conclurent de bonnes affaires commerciales. Cet incident contribua largement au rétablissement de l’image de puissance des musulmans ternie à Ouhoud. Il permit à toute l’Arabie de se rendre compte que Les gens de Quraysh seuls ne pouvaient plus résister à Mohammed .
Un autre événement va renforcer la position des musulmans. Dumat Al-Jandal (nouvellement, Al-Jawf) était une ville importante à la frontière entre l’Arabie et la Syrie. Quand les caravanes des Arabes, commerçant entre le sud de l’Irak, le nord de la Syrie et le nord de l’Égypte, passaient par cette route, elles étaient harcelées et pillées par les habitants du pays. Durant Rabi Al-Awwal, de l’an 5, le noble Prophète partit lui-même réprimer les pirates avec une armée de 1 000 hommes. Apeurés, ils n’osèrent pas se battre contre le Prophète et s’enfuirent. Cela amena toute l’Arabie du Nord à redouter la puissance de l’Islam. Les tribus commencèrent à se rendre compte que la grande puissance émergeant d’Al-Madina (Médine) était formidable contre laquelle une ou quelques tribus ne pouvaient plus rien.
La Bataille de la Tranchée
Telles étaient les conditions quand la Bataille de la Tranchée eut lieu. C’était en fait un raid combiné par de nombreuses tribus arabes, qui voulaient écraser la puissance de Médine. Il avait été initié par les leaders des Banou an-Nadir, nouvellement installés à Khaybar depuis leur exil de Médine. Ils avaient visité aux alentours les gens de Quraysh, les Ghatafan et les Hudhayl et beaucoup d’autres tribus afin de réunir leurs forces et attaquer Médine conjointement. Ainsi, au mois de Shawwâl, de l’an 5, une attaque sans précédent fut lancée par une grande armée de tribus arabes marchant au pas contre la petite ville de Médine. Du nord venaient les juifs de Banou An-Nadîr et de Banou Qaynuqâ` depuis Khaybar et wad il Qura. Depuis l’est avançaient les tribus de Ghatafan, Banou Soulaym, Fazara, Murra, Ashja`, Sa`d, Asad, etc … et au sud Les gens de Quraysh, avec l’appui de la grande force de leurs alliés. Ensemble, ils représentaient une force de dix à douze mille hommes.
Si cela avait été une attaque soudaine, cela eut été désastreux. Mais le noble Prophète n’était pas inconscient de cela à Médine. Des hommes d’intelligence et des sympathisants de l’Islam étaient présents dans chaque tribu pour le tenir parfaitement informé des mouvements de l’ennemi. Avant même que l’ennemi n’ait atteint la ville, il avait fait creuser pendant 6 jours une tranchée dans le nord-ouest de Médine, avec la Montagne de Salat derrière eux. Il y prit une position défensive avec 3 000 hommes sous la protection de la Tranchée. Au sud de Médine, les nombreux jardins (toujours existants aujourd’hui) ne permettaient pas une attaque de ce côté. À l'est, les roches de lave étaient infranchissables pour une grande armée. Même chose sur le flanc sud-ouest. L’attaque ne pouvait seulement avoir lieu des côtés est et ouest de Ouhoud, dont le noble Prophète s’était protégé en creusant une tranchée. Les mécréants ne s’attendaient pas à la tranchée à l’extérieur de Médine. Ce type de stratagème défensif était inconnu des Arabes. Ainsi, ils durent entreprendre un long siège durant l’hiver, auquel ils n’étaient pas préparés.
Après cela, il ne restait plus qu’une alternative aux mécréants : inciter la tribu juive des Banou Quraydhah, qui habitait la partie du sud-est de la ville, à la rébellion. Comme les musulmans avaient signé un traité avec eux spécifiant qu’en cas d’attaque sur Médine ceux-ci devaient défendre la ville avec eux, les musulmans ne s’étaient pas prémunis. À vrai dire, ils avaient même envoyé leurs familles se mettre à l’abri dans les forts situés sur ce côté. L’ennemi avait décelé cette faiblesse dans le potentiel de la défense Islamique. Ils envoyèrent donc envoyé Houyay Ibn Akhtab, le leader juif des Banou an-Nadir, aux Banou Qouraydhah afin de les pousser à transgresser le traité et à les rejoindre dans la guerre. En premier lieu, ils refusèrent au nom du traité conclu avec Prophète Mohammed qui avait toujours tenu ses engagements. Mais quand Ibn Akhtab leur dit : " Regardez, j’ai appelé la force unie de l’Arabie toute entière contre lui : c’est l’occasion parfaite de se débarrasser de lui. Si vous ne saisissez pas cette occasion, vous n’en n’aurez jamais d’autre." L’esprit juif anti-islamique prévalut sur toute considération morale et les Banou Quraydhah rompirent le traité.
En apprenant la trahison, le Prophète demanda immédiatement à Sa`d Ibn Oubada, Sa`d Ibn Mouadh, Abdoullah Ibn Rawâhah et Khawwat Ibn Jubayr, les chefs des Ansars, d’aller à la recherche de la vérité. S’il s’avérait que les Banou Quraydhah étaient restés fidèles au traité, ils devaient revenir et le proclamer ouvertement devant toute l’armée musulmane. Si la trahison était vérifiée, ils devaient l’en informer lui seul en vue de ne pas décourager la communauté musulmane. Les compagnons trouvèrent les Banou Quraydhah en plein complot. Ils leur répondirent ouvertement : "Il n’y a aucun accord et aucun traité entre nous et Mohammed." Après cela, ils retournèrent auprès de l’armée islamique et soumirent leur rapport au noble Prophète , l’annonce de " Adal et Qarah." C’est-à-dire que "les Quraydhah s’étaient abaissés à ce que Adal et Qarah avaient commis envers les prêcheurs de l’Islam, à Raji."
Pendant ce temps, Nou`aym Ibn Mas`oud, un membre de la branche Ashja de la tribu des Ghatafan, devenu musulman, se présenta devant le noble Prophète en soumission : "Personne ne sait encore que j’ai embrassé l’Islam. Tu peux me demander tous les services que tu voudras." Le noble Prophète répondit : "Va et sème les graines de la discorde parmi l’ennemi."
Nou`aym commença par les Quraydhah avec qui il était en bons termes. Il leur dit : "Les gens de Quraysh et de Ghatafan peuvent finir par être fatigués par le siège et s’en retourner sans rien perdre, tandis que vous, vous devrez vivre ici avec les musulmans. Imaginez seulement quelle serait votre position si les choses prenaient cette tournure. Je vous conseille de ne pas vous joindre à l’ennemi avant qu’il ne vous ait envoyé quelques-uns de ses hommes en otages." Cela eut l’effet escompté sur les Banou Quraydha. Aussitôt, ils exigèrent des otages du front uni des tribus.
Ensuite, il se rendit chez les chefs des Quraysh et des Ghatafan et leur dit : "Les Banou Quraydha semblent être lâches et hésitants. Peut-être exigeront-ils de vous quelques hommes afin de les remettre ensuite à Mohammed pour arranger leurs affaires avec lui. Donc, soyez très fermes et prudents dans vos accords avec eux." Ce discours rendit les chefs du front uni soupçonneux des Banou Quraydhah. Ils leur envoyèrent un message disant : "Nous sommes fatigués par le long siège ; rendez cette bataille décisive et laissez-nous donc, faire un assaut général simultané des deux côtés." Les Banou Quraydhah envoyèrent en retour le message suivant : "Nous ne pouvons pas nous permettre de vous rejoindre dans cette guerre à moins que vous ne nous remettiez quelques-uns de vos hommes en otages." Les leaders du front uni furent convaincus que Nou`aym avait dit vrai. Ils refusèrent d’envoyer des otages. Et les Banou Quraydhah, de l’autre côté, avaient jugé bon le conseil de Nu`aym. Ainsi, la stratégie consistant à diviser l’ennemi en son sein, fut un succès.
Le siège se prolongea plus de 25 jours. Les conditions hivernales rendirent les provisions en alimentation, eau et fourrage de plus en plus difficiles, jour après jour. La division du camp pesait énormément sur le moral des assiégeants. Soudainement, une nuit, un vent de tempête accompagné du tonnerre souffla sur le camp et la foudre frappa. Ceci s’ajoutait au froid et à l’obscurité. Le vent avait renversé les tentes et mit l’ennemi sens dessus dessous. Ils ne purent supporter ce coup dur, affligé par la nature. Ils quittèrent le champ de bataille la nuit même et retournèrent chez eux. Quand les musulmans se réveillèrent le lendemain matin, il n’y avait pas un seul soldat ennemi en vue sur le champ de bataille. Le noble Prophète , trouvant le champ de bataille complètement désert, dit : "Les gens de Quraysh ne seront plus jamais capables de vous attaquer après cela : dorénavant, vous prendrez l’offensive." Le Prophète vit juste. Les gens de Quraysh ainsi que le front uni de toutes les tribus ennemies avaient échoué dans leur assaut final contre l’Islam. Ils ne pouvaient plus envahir Médine, car désormais les musulmans étaient prêts à mener une offensive.
L’attaque sur les Banû Quraydha
A son retour des Tranchées, le saint Prophète reçut une révélation de Gabriel en début d’après midi selon laquelle Allah ordonnait aux musulmans de ne pas laisser les armes avant d’avoir combattu les Banou Quraydha. À cette nouvelle, le saint Prophète annonça : " Que ceux qui obéissent ne prient Asr qu’après avoir atteint la localité des Banou Quraydha. "
Il envoya immédiatement Ali avec un contingent de soldats en avant-garde chez les Qouraydha. À leur arrivée, les juifs grimpèrent sur leurs toits et commencèrent à lancer des injures sur le saint Prophète et les musulmans. Mais cela ne les sauva pas des conséquences de leur trahison. Ils avaient effectivement rompu le traité au moment le plus crucial de la bataille et s’étaient alliés avec l'ennemi, mettant ainsi en danger l’ensemble de la population médinoise.
Ils pensaient que le contingent dirigé par Ali n’était qu’une méthode d’intimidation. Ils réalisèrent seulement l’ampleur de la menace en voyant arriver toute l’armée islamique sous le commandement du saint Prophète lui-même. Un siège de deux ou trois semaines suffit à la reddition des juifs. Ils acceptaient de se rendre aux conditions de Sa`d Ibn Mouadh , le chef des Aus. Ils l’avaient désigné juge, car à l’époque préislamique, les Aus et les Quraydha étaient alliés. Aussi espéraient-ils qu’en mémoire de leurs anciens liens, il les aiderait à quitter Médine comme les Banou Qainuqa et les Banou An-Nadir. Les Aus eux-mêmes comptaient sur un jugement laxiste de Sa`d en faveur de leurs anciens alliés. Or Sa`d avait été témoin de l’attitude des deux tribus qui avaient été autorisées à quitter la ville. À peine les portes de Médine passées, elles s’étaient empressées de rassembler les hommes des tribus environnantes en une armée de dix à douze mille hommes. Il savait également la perfidie dont les Banou Qouraydha avait fait preuve au moment de l’attaque de Médine, traîtrise qui mit en danger tous les Médinois.
Au vu de tous ces éléments, il décréta que tous les hommes des Quraydhah soient mis à mort, que leurs femmes et leurs enfants soient faits prisonniers et que leurs biens soient distribués aux musulmans. Sa sentence fut appliquée à la lettre. En pénétrant dans la citadelle, les musulmans trouvèrent un attirail de guerre préparé par les traîtres : 1500 épées, 300 cottes de maille, 2000 lances et 1500 boucliers. Sans le secours d’Allah, ce matériel de guerre aurait servi à attaquer Médine par l’arrière quand les polythéistes allaient donner l’assaut sur les musulmans après la traversée de la tranchée. Cette découverte ne rendit que plus sage la décision de Sa`d.
Les réformes sociales
Les deux années qui séparaient les batailles de Ouhoud et des tranchées n’étaient pas de tout repos pour le Prophète et ses Compagnons. Pas un seul jour, ils ne relâchèrent leurs efforts de construction de la société musulmane. C’est à cette époque qu’un certain nombre de règles régissant la vie sociale et économique (la législation du mariage, du divorce, de l’héritage, l’interdiction de l’alcool, du jeu…) furent instaurées.
Sur le plan social, la question de l’adoption nécessitait une réforme profonde. En adoptant un garçon, les Arabes considéraient l’orphelin comme un membre à part entière de la famille. Il était traité comme un fils et un frère au sein de la famille adoptive et avait donc droit à une part d’héritage, Il ne pouvait épouser ni la fille de son père adoptif ni sa veuve. Si le fils adoptif mourait ou divorçait d’une femme, la veuve ou la femme divorcée était illicite pour le père adoptif, car elle était comme sa vraie belle-fille. Ces coutumes étaient loin des lois édictées par Allah à propos du mariage, du divorce et de l’héritage dans les sourates Al-Baqara et An-Nisa. En effet, les traditions donnaient droit à l’héritage à ceux qui ne pouvaient y prétendre aux dépens de ceux qui y avaient réellement droit. Elles interdisaient l’union de l’homme et la femme qui pouvaient légalement contracter le mariage. Pire que tout, elles contribuaient à répandre l’immoralité que la Loi Islamique cherchait à éradiquer. En dépit du fait qu’une mère, une sœur ou les filles adoptives ne peuvent remplacer une vraie mère, une vraie sœur et une vraie fille, les relations adoptives étaient assimilées aux liens du sang et faisaient partie des usages. Quand ces relations artificielles revêtues d’un caractère sacré se mêlaient librement aux véritables relations, cela ne pouvait qu’aboutir à des problèmes. Aussi la loi islamique concernant le mariage, le divorce, l’héritage et l’interdiction de l’adultère s’attacha-t-elle d’abord à régler le concept de l’adoption en l’éradiquant complètement.
Cette redéfinition ne se fit pourtant pas du jour au lendemain sur simple prononciation de la loi. Il fallait autre chose que des paroles pour modifier l’héritage de plusieurs siècles. Certes, les gens avaient accepté l’ordre selon lequel les relations adoptives ne pouvaient s’assimiler aux relations filiales réelles, néanmoins ils ne pouvaient se faire à l’idée d’un mariage entre une mère adoptive et son fils adoptif, entre un frère adoptif et sa sœur adoptive, le père adoptif et sa fille, le beau-père adoptif et sa belle-fille. Par ailleurs, persistait le problème de la mixité. Il devenait par conséquent indispensable que la coutume soit éliminée dans la pratique, et ce, à travers l’exemple du Prophète lui-même. Puisqu'aucun musulman ne pouvait détester ce que le saint Prophète faisait sous le commandement d’Allah. C’est pourquoi, peu avant la bataille des Tranchées, Allah inspira au Prophète d’épouser la femme divorcée de son fils adoptif, Zayd Ibn Harithah . Il se soumit à cet ordre durant le siège des Banou Quraydha. Le délai était certainement lié au fait que la période d’attente prescrite n’était pas révolue et que le Prophète était pris dans les préparatifs de guerre.
La propagande suite au mariage de Zaynab
La conclusion du contrat de mariage déclencha une tempête à l’encontre du saint Prophète . Les polythéistes, les hypocrites et les juifs brulaient tous, de jalousie, en raison de la succession de ses triomphes. L’humiliation subie deux ans après Ouhoud, durant la bataille des tranchées, ainsi que l’affaire des Quraydha continuaient à les toucher de plein cœur. Ils avaient espéré soumettre le Prophète sur les champs de bataille, mais devant leurs échecs, ils se rabattirent sur cette affaire de mariage. C’était pour eux une aubaine et l’occasion de remettre en cause la supériorité morale du saint Prophète qui faisait son pouvoir et de son succès.
Par conséquent, ils concoctèrent des histoires. Ils prétendaient que le Prophète <était tombé amoureux de la femme de son fils, que ce dernier l’apprit et décida de divorcer de son épouse de sorte que le Prophète puisse l’épouser. Cette rumeur était absurde. Zaynab était la cousine du saint Prophète . Ils se connaissaient donc depuis l’enfance et en aucun cas, il n’aurait pu y avoir de coup de foudre. Par ailleurs, il a lui-même arrangé le mariage de Zayd et Zaynab malgré l’opposition de sa famille. Ils ne pouvaient concevoir que la fille d’un noble quraysh puisse épouser un esclave affranchi. Zaynab n’était pas non plus d’accord avec l’arrangement, mais c’était l’ordre du saint Prophète . Les noces furent tout de même célébrées, illustrant que l’Islam avait élevé un esclave affranchi au rang de noblesse qurayshite. Si le saint Prophète avait réellement désiré Zaynab comme épouse, il ne l’aurait certainement pas marié à Zayd et l’aurait épousé lui-même. En dépit de cela, les honteux détracteurs de l’Islam inventèrent des romances et diffusèrent toutes sortes de rumeurs exagérées de façon si impétueuse que certains musulmans y crurent.
Les premiers commandements du hidjab
Le fait que les légendes inventées par les ennemis deviennent des sujets de conversation parmi les musulmans dénote que les questions de la sensualité avaient dépassé toutes les limites. Si le mal n’était pas déjà présent, les esprits n’auraient pas accordé d’importance à ces histoires absurdes et dégoûtantes sur la personne pure et droite qu’était le Prophète . C’est à cette occasion que les commandements réformateurs de la loi du hijab fut mis en place dans la société islamique. Cette réforme fut introduite dans la présente sourate et complétées un an plus tard dans la sourate an-Nur, quand l’honneur de 'Aïcha fut calomnié. (Pour les détails, voir l’introduction à la sourate an-Nur).
Les affaires domestiques du saint Prophète
À cette même époque, il fallut examiner de plus près deux autres problèmes. Bien qu’en apparence, ils touchaient surtout la vie domestique du saint Prophète , il devint nécessaire d’y remédier afin de garantir la paix de l’esprit et du ménage à celui qui s’employait entièrement à promouvoir l’Islam. Allah traita officiellement des deux questions.
Le premier problème était la situation économique précaire du Prophète . Pendant les quatre premières années, il ne disposait d’aucune ressource. En l’an quatre de l’Hégire, après le bannissement des Banou an-Nadir, Allah ordonna qu’une partie de leurs terres lui soit réservée, mais cela ne couvrait pas les besoins de sa famille. D’autre part, la mission du Prophète était si lourde qu’elle exigeait de lui à tout instant toute son énergie. Il ne pouvait donc pas gagner sa vie. Ses épouses finirent par troubler sa paix en se plaignant des difficultés économiques.
Par ailleurs, avant de se marier avec Zaynab , le Prophète avait déjà quatre épouses : notre dame Sawda, Aïcha, Hafsa et Oum Salama. Les opposants de l’Islam s’interrogèrent (et parvinrent à faire douter quelques musulmans) sur le fait que le saint Prophète puisse avoir cinq épouses alors que les musulmans étaient limités à quatre.
Sujet et thèmes
Telles étaient les questions qui préoccupaient le saint Prophète et les musulmans quand la sourate al-Ahzab fut révélée.
Les thèmes et le contexte démontrent que la sourate n’a pas été révélée en une seule fois. Elle consiste plutôt en une succession d’injonctions et de commandements, successivement révélés à mesure des événements. Les différentes parties se distinguent clairement :
Les versets 1 à 8 semblent avoir été révélés avant la bataille des Tranchées. En les lisant et en gardant à l’esprit le contexte historique, on comprend que Zayd avait déjà divorcé de Zaynab . La mise au point sur les coutumes et les superstitions ignorantes concernant l’adoption devenait indispensable. Le Prophète savait par ailleurs que les sentiments profonds et délicats à l’égard des enfants adoptifs ne pouvaient être éradiqués tant qu’il n’appliquait pas lui-même le commandement. En même temps, il hésitait. Il anticipait déjà la riposte des hypocrites, des juifs et des mushriks s’il épousait la femme divorcée de Zayd. Leur méchanceté et leur espièglerie allaient saisir cette opportunité pour discréditer l’Islam.
Les versets 9 à 27 passent en revue la bataille des Tranchées ainsi que l’attaque contre les Banou Quraydhah. C’est pourquoi ces versets n’ont pu être révélés qu’après ces événements.
On peut diviser les versets 28 à 35 en deux parties. Dans la première, Allah s’adresse aux épouses du saint Prophète qui s’impatientaient de la situation tendue : "Ô Prophète ! Dis à tes épouses : "Si c’est la vie présente que vous désirez et sa parure, alors venez ! Je vous demanderai (les moyens) d’en jouir et vous libèrerai (par un divorce) sans préjudice. Mais si c’est Allah que vous voulez et Son messager ainsi que la Demeure dernière, Allah a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense. Ô femmes du Prophète ! Celle d'entre vous qui commettra une turpitude prouvée, le châtiment lui sera doublé par deux fois ! Et ceci est facile pour Allah. Et celle d’entre vous qui est entièrement soumise à Allah et à Son messager et qui fait le bien, Nous lui accorderons deux fois sa récompense, et Nous avons préparé pour elle une généreuse attribution." (Coran 33/28-31)
La seconde partie édicte certaines règles sociales adaptées au modèle islamique. Dans la mesure où ces versets s’adressent aux épouses du Prophète, la réforme fut d’abord initiée dans son foyer. Par opposition aux jours de l’ignorance, les épouses étaient invitées à rester chez elles dans la dignité et à garder un langage chaste avec les autres hommes. Ce fut le début des Commandements du Hidjab.
Les versets 36 à 48 traitent du mariage du Prophète et de notre dame Zaynab . Ils répondent aux objections des opposants de l’Islam, chassant par la même occasion les doutes qui troublaient l’esprit des musulmans. Ces versets rappellent également au croyant la position et le statut du Prophète , à qui Allah conseille de faire preuve de patience envers les hypocrites et les mécréants.
Le verset 49 expose une clause concernant la législation du divorce. Ce verset vient seul, car il fut certainement révélé en rapport avec ces mêmes événements.
Dans les versets 50 à 52, Allah explique que, en raison de son statut particulier, le Prophète peut déroger à certaines restrictions à propos de la vie de couple imposées aux autres musulmans.
Les versets 53 à 55 s’engagent plus avant dans la réforme sociale qui correspond aux injonctions suivantes : l’étiquette islamique à propos des visites et des invitations ; les visites aux saintes épouses étaient limitées aux proches parents ; quant aux autres hommes, ils ne pouvaient leur parler qu’à travers un rideau ; l’interdiction pour les épouses du Prophète d’épouser d’autres musulmans après sa mort.
Les versets 56 et 57 mettent en garde ceux qui critiquaient le mariage du Prophète et sa vie domestique afin qu’ils cessent. Ils invitaient les musulmans à ne pas copier les ennemis de l’Islam en s’adonnant à la critique, mais plutôt à invoquer les bénédictions d’Allah sur le Prophète . Par ailleurs, la sourate dit aux musulmans d’éviter toute fausse accusation entre eux et de ne pas médire sur la personne du Prophète .
Le verset 59 passe à la troisième mesure de la réforme sociale. Toutes les femmes musulmanes ne doivent sortir que complètement couvertes et dans un but précis.
Jusqu'à la fin de la sourate, les versets suivants réprimandent les hypocrites et autres méchantes pour les rumeurs qu’ils ont colportées contre l’Islam et les musulmans.
Interprétation de la sourate - Tafsir Smaïl abn Kathir
Nous prions Allah de nous conduire sur le chemin de la vérité et de nous aider à le suivre avec patience et assiduité. De nous indiquer le faux et de nous aider à l’éviter. Louange à Allah, Seigneur des mondes. Que la paix et le salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed , sur sa famille et tous ses compagnons .
Wa Allâhou A’lam
Allah est le plus savant
Le savoir parfait appartient à Allah, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que paix et salut soient sur notre Prophète Mohammed , ainsi que sur sa Famille, et qu’Allah soit satisfait de ses successeurs (califes) bien dirigés : Abou Bakr, 'Omar, 'Othman et Ali et les autres compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.
Qu'Allah nous protège tous contre le mal des mauvais caractères et des passions, il est certes celui qui entend les invocations, et c’est celui vers qui est l’espoir, il nous suffit et est notre meilleur garant.
Si j'ai écrit quelque chose qui contredit ce qu'Allah dit, ou ce que le Prophète Mohammed a dit, fait ou toléré, ou un principe établi par consensus, il s'agit d'une erreur de ma part et l'influence du diable, cela est à délaisser. Seul le Prophète Mohammed est infaillible dans ce qu'il a dit ou a fait. Seul Allah est Parfait.
Je demande humblement à Allah de m'accorder la sincérité dans l'intention et Sa Clémence et d'unir tous les musulmans
sous la bannière du Prophète Mohammed afin que nous soyons parmi les gagnants le Jour du Jugement.