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Des femmes érudites
en sciences du hadith

L’Histoire mentionne peu d’initiatives savantes, ne serait-ce avant les temps modernes, de la part de femmes qui auraient joué un rôle actif et important en coopération avec des hommes. Les sciences du hadith constituent cependant à cet égard une excellente exception. L’islam, religion qui, à la différence du christianisme, refuse d’attribuer un genre à Allah1, et n’a jamais nommé une élite mâle sacerdotale comme intermédiaire entre la créature et le Créateur, démarre la vie avec l’assurance que, malgré le fait que la femme et l’homme soient dotés par la nature de rôles complémentaires plutôt qu’identiques, aucune spiritualité supérieure n’est inhérente à la masculinité.2 Ainsi, la communauté musulmane confiait volontiers des affaires de même valeur selon la perspective divine (aux hommes comme aux femmes). C’est uniquement cette considération qui explique pourquoi, l’islam produisit un grand nombre d’éminentes femmes savantes, sur le témoignage et le jugement éclairé desquelles une bonne partie de son édifice repose, ce qui la particularise des religions courantes en occident.

Depuis les premiers temps de l’islam, les femmes ont pris une part importante, dans la préservation et la culture du hadith, et cette charge perdura à travers les siècles. À chaque période de l’histoire islamique, vécurent nombre d’honorables femmes expertes en tradition prophétique (hadith), considérées avec révérence et respect par leurs frères. De nombreuses notices leur sont consacrées dans les dictionnaires biographiques.

Durant la vie du Prophète saws, beaucoup de femmes ont été non seulement l’exemple de l’évolution de nombreuses traditions (ancestrales), mais ont également été très actives dans la transmission (de l’enseignement prophétique) pour leurs sœurs et leurs frères de religion.3 Après la mort du Prophètesaws, beaucoup de femmes musulmanes l’ayant côtoyé (Sahâbiyât), en particulier ses épouses, furent considérées comme des gardiens vitaux de la connaissance et furent sollicitées pour l’enseignement par les autres compagnons, avec qui elles partageaient volontiers le riche bagage qu’elles avaient amassé aux côtés du Prophètesaws.

Les noms de Hafsa, Oum Habiba, Maymuna, Oum Salama, et A’isha radi allahu anhum sont familiers à tout étudiant des sciences du hadith comme étant parmi les premiers et les plus distingués des transmetteurs.4Aicha radi allahu anha1, en particulier, est l’une des figures les plus importantes de toute l’histoire de la littérature des ahâdîth -non seulement en tant que l’une des premières à rapporter le plus grand nombre de ahâdîth, mais également comme l’une des interprètes les plus attentives.

À la période des Successeurs (tâbéïnes), les femmes occupèrent d’importants postes comme traditionalistes. Hafsa r.a, la fille d’Ibn Sirin,5Umm al-Darda Rahimouhou Allah (décédée en 81 H/700) et ‘Amra bint ‘Abd al-Rahman furent quelques-unes des femmes clés traditionalistes de cette période. Iyas ibn Mu’awiya Rahimouhou Allah, un important traditionaliste de son temps et un juge aux compétences et au mérite incontestés, estimait Umm al-Darda r.a. supérieure à tous les autres traditionalistes de cette période, y compris les célèbres maîtres des hâdîth tels al-Hasan al-Basri Rahimouhou Allahet Ibn Sirin r.a6.  ‘Amra Rahimouhou Allahétait considérée comme étant une grande autorité en matière de traditions rapportées par Aïcha radi allahu anha1. D’ailleurs, le calife Omar ibn Abd al-Aziz Rahimouhou Allah donna l’ordre à l’un de ses étudiants, Abu Bakr ibn Hazm Rahimouhou Allah, le célèbre juge de Médine, de mettre par écrit toutes les traditions connues sous son autorité.7

Après elles, ‘Abida al-Madaniyya r.a., ‘Abda bint Bishr r.a., Umm Umar al-Thaqafiyya r.a., Zaynab r.a. (la petite fille d'Ali ibn Abd Allah ibn Abbas), Nafisa bint al-Hasan ibn Ziyad , Khadija Umm Muhammad Rahimouhou Allah, ‘Abda bint Abd al-Rahman r.a., ainsi que de nombreuses autres excellèrent dans des cours publics sur les ahâdîth. Ces pieuses femmes venaient de différents horizons, montrant par là que ni le rang social, ni le sexe n’étaient des obstacles à l’acquisition de la science islamique. Par exemple, Abida r.a. était une esclave de Muhammad ibn Yazid r.a.. Elle apprit un grand nombre de ahâdîth auprès de professeurs à Médine, puis fut donnée par son maître à Habib Dahhun r.a., le fameux traditionaliste d’Espagne, quand il visita la cité sainte lors de son pèlerinage. Il fut si impressionné par son apprentissage qu’il l’affranchit, l’épousa et l’emmena en Andalousie. Il est dit qu’elle rapportait dix mille ahâdîthsous l’autorité de ses professeurs médinois.8

Zaynab bint Sulayman r.a. (décédée en 142 H/759), au contraire, était née princesse. Son père était le cousin d'al-Saffah, le fondateur de la dynastie des Abbassides et a été le gouverneur de Basra, d'Oman et du Bahreïn sous le califat d’al-Mansur 9. Zaynab r.a., qui reçut une éducation raffinée, acquit une maîtrise du hadith, se distinguant ainsi comme l’une des femmes traditionalistes les plus réputées de son temps et compta nombre d’hommes d’importance parmi ses élèves.10

Cette association de femmes et d’hommes dans la culture de la tradition prophétique continua quand les fameuses anthologies de hadith furent compilées. Un examen de ces textes révèle que tous les premiers compilateurs importants des traditions reçurent nombre de ces textes de femmes shuyukh (enseignantes expertes) : chaque collection majeure donne les noms de femmes comme autorités immédiates de l’auteur. Quand ces travaux avaient été compilés, les femmes traditionalistes elles-mêmes en avaient une parfaite connaissance et elles donnaient des cours à de grandes classes d’élèves, à qui elles présentaient leurs propres ijazas (autorité de transmission).

Au quatrième siècle, les cours de Fatima bint Abd al-Rahman r.a. (décédé en 312/924)- connue comme al-Sufiyya pour sa formidable piété -, de Fatima r.a.(petite-fille de Abou Dâoûd, auteur des Sounans bien connue), de Amat al-Wahid r.a. (décédée en 377/987) -la fille du juriste distingué al-Muhamili r.a.-, de Umm al-Fath Amat as-Salam r.a. (décédée en 390/999)-la fille du juge Abu Bakr Ahmad (décédé en 350/961)- et Jumua bint Ahmad r.a. attiraient une assistance révérencieuse 11.

Des femmes continuèrent à se démarquer en tant que savantes du hadith au cinquième et sixième siècle de l’Hégire. Fatima bint al-Hasan ibn Ali ibn al-Daqqaq al-Qushayri r.a. était louée non seulement pour sa piété et sa maîtrise de la calligraphie, mais encore pour sa connaissance des ahâdîth et la qualité des isnads (chaîne de transmission des ahâdîth) qu’elle connaissait12. Encore plus distinguée fut Karima al-Marwaziyya r.a. (décédée en 463/1070), qui était considérée comme l’autorité de référence du Sahih de Boukhâri en son temps. Abu Dharr r.a. de Herat, l’un des chefs de file des érudits de cette époque, estimait tellement son érudition qu’il recommanda à ses étudiants d’étudier le Sahih auprès d’elle seule. Elle figure ainsi au centre de la transmission de cet ouvrage essentiel de l’islam (le Sahih).13 En réalité, écrit Goldziher, "son nom apparaît avec une extraordinaire fréquence dans les ijazas pour la narration de ce livre." 14 Al-Khatib al-Baghdadi r.a.15 et al-Humaydi r.a. (428/1036-488/1095) comptaient parmi ses élèves 16.

Mis à part Karima r.a., quelques autres femmes traditionalistes "occupent une place éminente dans l’histoire de la transmission du texte du Sahih".17 Parmi elles, on doit mentionner en particulier Fatima bint Muhammad r.a. (décédée en 539/1144), Shuhda "l’Écrivain" r.a. (décédée en 574/1178), et Sitt al-Wuzara bint Omar r.a. (décédée en 716/1316).18 Fatima relatait le livre sous l’autorité du grand traditionaliste Said al-Ayyar r.a. ; elle reçut de la part de spécialistes du hadith le prestigieux titre de Mousnida Ispahan(l’éminente autorité de hadith d’Ispahan). Shuhda était une fameuse calligraphe et une traditionaliste de grande réputation ; les biographes la décrivent comme "la calligraphe, la grande autorité en hadith et la fierté des femmes". Son arrière-grand-père avait été marchand d’aiguilles, et cela lui valut le sobriquet d’ "al-Ibri" . Mais son père, Abou NasrRahimouhou Allah(décédé en 506/1112) fut pris de passion pour le hadith, et s’arrangea pour l’étudier avec plusieurs maîtres en la matière.19 Se soumettant à la sunna, il donna à sa fille une solide éducation, s’assurant qu’elle étudiait sous de nombreux traditionalistes reconnus.

Elle épousa Ali ibn Muhammad r.a., une figure importante ayant des intérêts littéraires, qui plus tard devint un bon compagnon du calife al-Muqtadi et fonda une école et une maison soufies, auxquelles il contribuait généreusement. Sa femme fut pourtant plus connue, grâce à ses connaissances des ahâdîth et la qualité de ses isnad 20. Ses cours sur Sahih al-Boukhâri et d’autres collections de ahâdîth attiraient de larges foules d’étudiants ; certains se sont même faussement affirmés comme étant de ses élèves.21

Sitt al-Wuzara r.a. était également reconnue comme une autorité sur Boukhâri. En plus de sa maîtrise acclamée du droit islamique, elle était considérée comme la « musnida de son époque », donnait des cours sur le Sahih et d’autres travaux à Damas et en Égypte 22. Umm al-Khayr Amat al-Khaliq r.a.(811/1408-911/1505), considérée comme le dernier grand savant en matière de hadith du Hijaz,23 assurait également des cours sur le Sahih. A’isha bint Abd al-Hadi r.a. était une autre spécialiste de Boukhâri 24.

Outre ces femmes qui semblaient s’être spécialisées dans le grand Sahih de l’Imam al-Boukhâri, d’autres axèrent leur expertise sur d’autres textes.

Oum al-Khayr bint Ali r.a. (décédée en 532/1137) et Fatima al-Shahrazuriyya r.a. donnaient des cours sur le Sahih de Mouslim.25 Fatima al-Jawzdaniyya r.a. (d. 524/1129) transmettait à ses étudiants les trois Mu’jams d'al-Tabarani.26 Zaynab de Harran r.a. (décédée en 68/1289) enseignait aux étudiants, que ses cours attiraient en foule, le Musnad d’Ahmad ibn HanbalRahimouhou Allah, la plus grande compilation de ahâdîth.27 Juwayriya bint Umar r.a. (décédée en 783/1381) et Zaynab bint Ahmad ibn Umar r.a. (décédée en 722/1322), qui avaient beaucoup voyagé pour développer leur science des ahâdîth, donnèrent des conférences en Égypte ainsi qu’à Médine, et narrèrent à leurs étudiants les recueils d'al-Darimi Rahimouhou Allah et d'Abd ibn Humayd Rahimouhou Allah. On dit même que les étudiants venaient de très loin pour assister à leurs débats 28. Zaynab bint Ahmad r.a. (décédée en 740/1339), habituellement connue sous le nom de Bint al-Kamal, acquit quantité de diplômes. Elle enseignait le Musnad de Abou Hanifa Rahimouhou Allah, le Shamail d'al-Tirmidhi Rahimouhou Allah, et le Sharh Ma’ani al-Athar d'al-TahawiRahimouhou Allah, qu’elle lut avec une autre traditionaliste, Ajiba bin Abu Bakr r.a. (décédée en 740/1339).29"Sur son autorité est basé, dit Goldziher, l’authenticité du manuscrit GOTHA … dans le même isnad, nombre de femmes érudites s’étant intéressées à ce sujet sont citées." 30. En sa compagnie notamment, le grand voyageur Ibn Battouta Rahimouhou Allah étudia les traditions durant son séjour à Damas.31 Ibn AsakirRahimouhou Allah, le célèbre historien de Damas, qui dit avoir étudié auprès de 1200 hommes et 80 femmes, obtint l’ijaza de Zaynab bint Abd al-Rahman r.a., pour le Mouwatta de l’Imam Malik.32 Jalal al-Din al-Suyuti Rahimouhou Allah étudia la Rissala de l’Imam Shafii Rahimouhou Allah auprès de Hajar bint MuhammadRahimouhou Allah33. Afif al-Din Junayd Rahimouhou Allah, traditionaliste du neuvième siècle après l’hégire, lut le Sunan d'al-Darimi Rahimouhou Allah avec Fatima bin Ahmad ibn Qasim r.a. 34.

Zaynab bint al-Sha’ri r.a. (524/615-1129/1218) faisait également partie des traditionalistes de renommée. Elle étudia le hadith auprès d’autres illutres traditionalistes avant d’enseigner à nombre d’étudiants -dont certains furent réputés comme Ibn Khallikan r.a., l’auteur du célèbre dictionnaire biographique Wafayat al-Aya 35. Karima la Syrienne r.a. (décédée en 641/1218) était décrite comme la plus grande autorité en matière de hadith en Syrie de son temps. Elle exposa de nombreux travaux sur les ahâdîth sous l’autorité de nombreux professeurs 36.

Dans son étude al-Durar al-Karima,37 Ibn Hajar r.a. donne de courtes indications bibliographiques au sujet d’environ 170 femmes de renom du huitième siècle, dont la plupart sont traditionalistes, et sous la direction desquelles l’auteur lui-même étudia.38 Certaines de ces femmes étaient reconnues comme étant les meilleures traditionalistes de leur époque. Juwayriya bint Ahmad r.a., par exemple, à laquelle nous nous sommes déjà référé, étudia une série de travaux sur la tradition auprès de savants hommes et femmes enseignant dans les grandes écoles de l’époque. Ensuite, elle continua à donner des cours célèbres sur les disciplines islamiques. "Certains de mes propres professeurs ainsi que nombre de mes contemporains assistaient à ses cours, raconte Ibn Hajar." 39. A’icha bin Abd al-Hadi r.a. (723-816), également mentionnée plus haut, qui fut longtemps le professeur de Ibn Hajar r.a., était considérée comme la plus raffinée traditionaliste de son temps. Des étudiants venaient parfois de très loin afin de s’asseoir à ses pieds et étudier les vérités de la religion.40Sitt al-Arab r.a. (décédée en 760/1358) avait enseigné au traditionaliste bien connu al-Iraqi (décédé en 742/1341) et de nombreux autres qui avaient complété une large part de leurs connaissances auprès d’elle.41 Daqiqa bint Murshid r.a. (décédée en 746/1345), une autre traditionaliste louée, reçut son instruction de plusieurs autres femmes.

L’information se rapportant aux femmes traditionalistes du neuvième siècle est compilée dans un texte de Muhammad ibn Abd al-Rahman al-Sakhawi (830-897/1427-1489), al-Daw al-Lami’, qui est un dictionnaire biographique des éminentes personnalités du neuvième siècle.42 Le Mu’jam al-Shuyukh d'Abd Al-Aziz ibn Omar ibn Fahd (812-871/1409-1466), compilé en 861 après l’Hégire était consacré aux notices biographiques de plus de 1100 des enseignants de l’auteur, y compris 130 femmes savantes auprès desquelles il avait étudié.43 Certaines d’entre elles furent reconnues pour la précision et l’érudition de leurs travaux et formèrent les grands savants des générations suivantes. Oum Hani Maryam r.a. (778-871/1376-1466) par exemple apprit le Coran par cœur dès son plus jeune âge, puis toutes les sciences islamiques alors enseignées, à savoir la théologie, le droit, l’histoire et la grammaire ; ensuite, elle voyagea afin de compléter ses connaissances en matière de ahâdîth auprès des meilleurs traditionalistes de son époque au Caire et à La Mecque. Elle était également louée pour son don de calligraphe, sa maîtrise de la langue arabe et son sens naturel de la poésie ainsi que pour son strict respect des devoirs religieux (elle accomplit le hajj pas moins de treize fois). Son fils, qui devint un savant notoire du dixième siècle, lui vouait une grande vénération et l’accompagnait constamment dans les derniers jours de sa vie. Elle poursuivit un programme intensif à la grande école du Caire, donnant des ijazas à de nombreux savants. Ibn Fahd lui-même étudia plusieurs travaux techniques sur les ahâdîth auprès d’elle.44

Bai Khatun r.a., sa contemporaine syrienne (décédée en 864/1459), ayant étudié les traditions avec Abu Bakr al-Mizzi r.a. ainsi que d’autres traditionalistes, et ayant obtenu les ijazas d’un grand nombre de maîtres de ahâdîth, hommes et femmes, donnait des cours sur le sujet en Syrie et au Caire. On raconte qu’elle trouvait un grand plaisir dans l’enseignement.45 A’isha bint Ibrahim r.a. (760/1358-842/1438), connue dans les cercles académiques comme Ibnat al-Sharaihi, étudia également les traditions, entre autres, à Damas et au Caire, et donnait des cours auxquels d’éminents savants assistaient volontiers.46 Oum al-Khayr Saida r.a. de la Mecque (décédée en 850/1446) bénéficia de l’enseignement des ahâdîth de nombreux traditionalistes dans différentes villes, gagnant une réputation toute aussi enviable de savante.47

D’après ce qui peut être relevé après maintes recherches dans les références, il ressort que l’implication des femmes dans l’étude des ahâdîth et des disciplines islamiques en général semble avoir décliné considérablement à partir du dixième siècle de l’Hégire. Des livres tels qu'al-Nur al-Safir d'al-Aydarus r.a., le Khulasat al-Akhbar d'al-Mouhibbi r.a. et l'al-Suluh al-Wabila de Muhammad ibn Abd Allah r.a. (qui sont les dictionnaires biographiques des éminentes personnalités respectivement des dixième, onzième et douzième siècles) ne font mention que d’une petite dizaine de traditionalistes femmes. Il serait pourtant faux de déduire de là que l’intérêt des femmes pour le hadith s’amenuisa à partir du dixième siècle. Quelques traditionalistes qui s’étaient faits un nom pendant le neuvième siècle continuèrent durant le dixième siècle à servir la sunna. Asma bint Kamal al-Din r.a. (décédée en 904/1498)jouissait d’une grande influence auprès des sultans et de leurs représentants, à qui elle faisait souvent des recommandations… qui étaient toujours appliquées, dit-on. Elle donna des cours sur les ahâdîth et forma des femmes aux diverses sciences islamiques.48 A’icha bint Muhammad r.a. (décédée en 906/1500), épouse du célèbre juge Mouslih al-Din, enseigna les traditions à nombre d’étudiants et fut nommée professeur à l’école Salihiyya de Damas.49 Fatima bint Yusuf d’Alep r.a. (870/1465-925/1519) était considérée comme l’un des excellents savants de son temps.50 Umm al-Khayr r.a. donna uneijaza à un pèlerin de la Mecque en l’an 938/1531.51

La dernière femme traditionaliste de premier rang qui nous est connue fut Fatima al-Fudayliya r.a., aussi connue qu'al-Shaykha al-Fudayliya. Elle est née avant la fin du douzième siècle musulman ; très tôt, elle excella dans l’art de la calligraphie et les diverses sciences islamiques. Elle eut un intérêt spécial pour le hadith, lut beaucoup sur le sujet, reçut les diplômes de bon nombre de savants, et acquit la juste et méritée réputation d’être une importante traditionaliste. Vers la fin de sa vie, elle s’installa à la Mecque, où elle fonda une riche libraire publique. Dans la ville sainte, d’éminents traditionalistes assistèrent à ses cours et reçurent leurs certificats par elle-même. Il peut être mentionné, parmi eux, en particulier Shaykh Umar al-Hanafi r.a. et Shaykh Muhammad Sali r.a.. Elle mourut en 1247/1831.52

À travers l’histoire, l’érudition des femmes savantes en islam ne se limitait pas à un simple intérêt pour les traditions ou à des cours particuliers dispensés à quelques individus. Elles passèrent en effet sur les bancs des étudiants avant de devenir enseignantes dans les institutions d’éducation publique, aux côtés de leurs frères en foi. De nombreux manuscrits les représentent à la fois en tant qu’étudiantes assistant à des cours magistraux qu’en tant que professeurs titulaires. Par exemple, l’acte des volumes 238-40 d'al-Mashikhat ma al-Tarikh de Ibn al-Boukhâri r.a. montre plusieurs femmes suivant un cours de onze volets auquel assistait plus de cinq cents étudiants à la mosquée d'Omar à Damas en l’an 687/1288. Un autre acte du volume 40 du même manuscrit montre des étudiantes, dont les noms sont spécifiés, à un cours de six séances sur le livre, dispensé par Ibn Al-Sayrafi r.a. à une classe de plus de deux cents étudiants à Alep en l’an 736/1336. Dans le volume 250, nous découvrons qu’une célèbre traditionaliste, Oum Abd Allah, donnait un cours de cinq séances sur le livre à une classe mixte de plus de cinquante étudiants, à Damas en l’an 837/1433.53

Plusieurs notes sur le manuscrit du Kitab al-Kifaya d'al-Khatib al-Baghdadi ainsi qu’une série de traités sur les ahâdîth montrent Ni’ma bin Ali, Umma Ahmad Zaynab bint al-Makki et d’autres traditionalistes femmes dispensant des cours sur ces deux livres, soit seules, soit conjointement avec des traditionalistes hommes dans les principales écoles telles que Aziziyya Madrasa et la Diyaiyya Madrasa. Ahmad, le fils du célèbre général Salah al-Din suivit quelques-uns de ces cours.54

Dr. Muhammad Zubayr Siddiqi


Adaptation française : Oumayma
    1. Maura O’Neill, "Women Speaking, Women Listening" (Maryknoll, 1990CE) , 31 : "Les Musulmans n’ont pas recours à un Dieu mâle comme moyen conscient ou inconscient dans la construction du rôle des deux sexes".
    2. Pour une synthèse globale sur la question du statut des femmes en islam, voir M. Boisers, L’Humanisme de l’islam (3ᵉ édition, Paris, 1985CE), 104-10.
    3. Al-Khatib, Sunna, 53-4, 69-70.
    4. Voir ci-dessus, 18, 21.
    5. Ibn Sa’d, VIII, 355.
    6. Suyuti, Tadrib, 215.
    7. Ibn Sa’d, VIII, 353.
    8. Maqqari, Nafh, II, 96.
    9. Wustenfeld, Genealogische Tabellen, 403.
    10. Al-Khatib al-Baghdadi, Tarikh Baghdad, XIV, 434f.
    11. Ibid., XIV, 441-44.
    12. Ibn al-Imad, Shsadharat al-Dhahah fi Akhbar man Dhahah (Cairo, 1351), V, 48 ; Ibn Khallikan, no. 413.
    13. Maqqari, Nafh, I, 876 ; cité dans Muslim Studies de Goldziher, II, 366.
    14. Goldziher, Muslim Studies, II, 366. "Il est très commun en fait de retrouver dans l’ijaza de la transmission de Bukhari le nom de Karima al-Marwaziyya parmi les autres noms de la longue chaîne de transmission" (ibid.)
    15. Yaqut, Mu’jam al-Udaba’, I, 247.
    16. COPL, V/i, 98f.
    17. Goldziher, Muslim Studies, II, 366.
    18. Ibn al-Imad, IV, 123. Sitt al-Wuzara’ était également une éminente juriste. Des juristes l’invitèrent au Caire afin qu’elle donne sa fatwa sur une épineuse question.
    19. Ibn al-Athir, al-Kamil (Cairo, 1301), X, 346.
    20. Ibn Khallikan, no. 295.
    21. Goldziher, Muslim Studies, II, 367.
    22. Ibn al-Imad, VI. 40.
    23. Ibid., VIII, 14.
    24. Ibn Salim, al-Imdad (Hyderabad, 1327), 36.
    25. Ibn al-Imad, IV, 100.
    26. Ibn Salim, 16.
    27. Ibid., 28f.
    28. Ibn al-Imad, VI 56.
    29. Ibid., 126 ; Ibn Salim, 14, 18 ; al-Umari, Qitf al-Thamar (Hyderabad, 1328), 73.
    30. Goldziher, Muslim Studies, II, 407.
    31. Ibn Battuta, Rihla, 253.
    32. Yaqut, Mu’jam al-Buldan, V, 140f.
    33. Yaqut, Mu’jam al-Udaba, 17f.
    34. COPL, V/i, 175f.
    35. Ibn Khallikan, no.250.
    36. Ibn al-Imad, V, 212, 404.
    37. Plusieurs manuscrits de cet ouvrage ont été préservés dans les bibliothèques. Il fut publié à Hyderabad en 1348-50. Le volume VI du Shadharat al-Dhahab de Ibn al-Imad, un vaste dictionnaire biographique des éminents savants musulmans du premier aux dixièmes siècles de l’Hégire est largement basé sur ce texte.
    38. Goldziher, habitué à un environnement exclusivement masculin dans les universités européennes du dix-neuvième siècle est déconcerté par la scène décrite par Ibn Hajar. Cf.Goldziher, Muslim Studies, II, 367 : "A la lecture du fantastique travail biographique de Ibn Hajar al-Asqalani sur les savants du huitième siècle, il y a de quoi s’émerveiller devant le nombre de femmes savantes auxquelles l’auteur a consacré ses articles."
    39. Ibn Hajar, al-Durar al-Karima fi Ayan al-Mi’a al-Thamina (Hyderabad, 1348-50), I, no. 1472.
    40. Ibn al-Imad, VIII, 120f.
    41. Ibid., VI, 208. Al-Iraqi (la plus célèbre autorité en matière de ahadith de Ihya Ulum al-Din de Ghazali) assura que son fils étudia auprès d’elle.
    42. Il existe un résumé réalisé par Abd al-Salam and Umar ibn al-Shamma’ (C. Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur, second ed. (Leiden, 1943-49CE), II, 34). Un manuscrit en mauvais état de ce dernier est préservé à la bibliothèque O.P. à Patna (COPL, XII, no.727).
    43. Ibid.
    44. Sakhawi, al-Saw al-Lami li-Ahl al-Qarn al-Tasi (Cairo, 1353-55), XII, no. 980.
    45. Ibid., no. 58.
    46. Ibid., no. 450.
    47. Ibid., no.901
    48. Al-Aydarus, al-Nur al-Safir (Baghdad, 1353), 49.
    49. Ibn Abi Tahir, see COPL, XII, no. 665ff.
    50. Ibid.
    51. Goldziher, Muslim Studies, II, 407.
    52. Al-Suhuh al-Wabila, see COPL, XII, no. 785.
    53. COPL, V/ii, 54.
    54. Ibid., V/ii, 155-9, 180-208. Pour certains manuscrits annotés particulièrement riches conservés à la bibliothèque Zahiriya de Damas, voir l’article d'Abd al-Aziz al-Maymani dans al-Mabahith al-Ilmiyya (Hyderabad : Da’irat al-Ma’arif, 1358), 1-14.

    Source de l'article : https://musulmane.com/des-femmes-erudites-en-sciences-du-hadith/?print=print

"Ô Allah, vivifie nos cœurs et accorde–nous les mêmes grâces que celles qu’ont reçues nos nobles prédécesseurs !"

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Wa Allâhou A’lam
Allah est le plus savant
Seul Allah azawajalbest Parfait.

Le savoir parfait appartient à Allahazawajalb, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que paix et salut soient sur notre Prophète Mohammed saws vert, ainsi que sur sa Famille, et qu’Allah azawajalb soit satisfait de ses successeurs (califes) bien dirigés : Abou Bakr, 'Omar, 'Othman et Ali et les autres compagnons radi allahu anhumet ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.

band decoSi j'ai écrit quelque chose qui contredit ce qu'Allah azawajalbdit, ou ce que le Prophète Mohammed saws a dit, fait ou toléré, ou un principe établi par consensus, il s'agit d'une erreur de ma part et l'influence du diable, cela est à délaisser. Seul le Prophète Mohammedsaws est infaillible dans ce qu'il a dit ou a fait.
Je demande humblement à Allah azawajalb de m'accorder la sincérité dans l'intention et Sa Clémence et d'unir tous les musulmans 

sous la bannière du Prophète Mohammed saws afin que nous soyons parmi les gagnants le Jour du Jugement.

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