﷽
L’histoire du collier
L’événement se produisit en l’an VI de l’hégire. `Aïcha était maintenant une jeune femme de quatorze ans. Le Prophète se prépara à aller en expédition militaire. Selon son habitude, il tira au sort l’épouse qui devait l’accompagner. Ce fut `Aïcha qui fut choisie et partit avec lui, heureuse et tranquille.
À son retour victorieux de cette expédition, le Prophète retourna à Médine à la tête de son armée qui entonnait des chants célébrant leur triomphe sur l’ennemi. À quelque distance de la ville, le convoi fit une halte et passa une partie de la nuit en ce lieu. Le lendemain, le signal du départ fut donné, sans que personne sache que `Aïcha était descendue de son chameau pour aller s’acquitter de besoins naturels.
La caravane arriva à Médine au lever du jour. Le chameau de 'Aïcha fut conduit jusqu’au seuil de la maison de cette dernière. Ce fut à ce moment que les gens s’aperçurent avec stupéfaction que la Mère des croyants ne se trouvait pas dans son palefrenier. Le Prophète et ses Compagnons restèrent perplexes, inquiets et tourmentés par cette incompréhensible disparition. Certains prirent la décision de revenir sur leur chemin et suivirent l’itinéraire inverse dans l’espoir de la retrouver.
Voilà qu’au loin, 'Aïcha apparut, montée sur le chameau d’un homme connu sous le nom de Safwan Ibn al-Mu’attal as-Salmi. C’était l’époque où l’ordre, donné aux mères des croyantes, de se voiler le visage et de ne pas se montrer aux gens, n’avait pas encore été révélé. Le Prophète fut apaisé et écouta attentivement le récit de sa femme, lui expliquant les causes de sa mésaventure :
J’ai quitté mon palefrenier pour m’acquitter d’un besoin naturel, avant que tu ne donnes au convoi le signal du départ. J’avais un collier autour de mon cou. Quand j’ai terminé mes besoins, le collier s’était détaché de mon cou, puis il était tombé, je ne sais pas où. Je m’en étais aperçu qu’en revenant à l’endroit où nous avons fait halte. Aussi, ai-je fait demi-tour pour rechercher mon bijou. Quand je l’ai retrouvée, je suis revenue au lieu du campement, mais vous étiez déjà partis. Je suis tellement légère que ceux qui placèrent mon palefrenier sur le chameau, pensaient que je m’y trouvais.
Je n’ai pas trouvé mieux que de demeurer sur place. Je me suis emmitouflée dans mon jilbab et je me suis allongée sur le sol, attendant l’éventualité d’un secours. Au bout d’un moment, Safwan Ibn al-Mu’attal as-Salmi m’aperçut, car lui aussi resta en arrière du convoi pour des besoins particuliers. Il manifesta son étonnement de me trouver seule à cet endroit. Enfin, il me demanda de monter sur son chameau, prit les rênes de la bête et me conduisit jusqu’ici à toute allure.
Après son récit, 'Aïcha s’endormit paisiblement, la conscience tout à fait tranquille. Ce n’était pas le cas de tous dans la ville. Un groupe de Juifs et d’hypocrites, à leur tête Abdoullah Ibn Ubbay, qui éprouvait une haine envers le Prophète exploitèrent l’évènement du collier pour propager des mensonges au sujet de la chasteté de 'Aïcha . C’était pour eux l’occasion de déverser leur venin sur l’Envoyé d'Allah et son innocente femme.
Le bruit de la mésaventure de `Aïcha se répandit dans toute la ville. Les mauvaises langues doutaient de l’honnêteté de cette dernière. Elles imaginaient mille et une choses, car dans leur esprit, un homme et une femme, étrangers l’un à l’autre, ne pouvaient entreprendre seuls, sans la présence de témoins, un si long trajet, sans qu’il n’y eut quelque chose de malsain entre eux.
Malheureusement, des musulmans et des musulmanes reprirent à leur compte ces mensonges sans demander des preuves qui justifieraient de telles accusations. Il en a été ainsi de Hasan ibn Thabit al-Ansari, poète du Prophète, Mastah Ibn Athathah, proche d’Abu bakr, Hamnatah Bin Jahsh, sœur de Zaynab.
La douleur
La douleur poignante de `Aïcha
La rumeur ne manqua pas d’arriver jusqu’aux oreilles du Prophète , ainsi que de ceux d’Abou Bakr et de Rouman, père et mère de 'Aïcha . Celle-ci ignorait ce que les gens disaient à son sujet. Elle était inquiète en s’apercevant que son mari la boudait sans raison. C’est que personne ne s’aventura à lui expliquer les raisons de cette agitation dans la ville. Pourtant, elle sentait que quelque chose n’allait pas chez son époux. Elle pensa que c’était probablement sa pénible tâche qui le rendait silencieux ou que quelque chose de très lourd qui pesait sur son cœur. Elle n’osait pas lui poser la question pour savoir ce qui le tracassait à ce point.
Cependant, observant son attitude sèche à son égard, elle lui proposa d’aller chez son père et sa mère en attendant que les choses se tassent.
Le Prophète ne s’opposa pas à la proposition de 'Aïcha . Celle-ci demeura dans l’ignorance de ce qui se tramait contre elle. Ce ne fut que quelques jours plus tard, alors qu’elle sortit de nuit pour ses besoins naturels, que Oum Masta’, tante maternelle d’Abu Bakr , lui dit :
– Ô fille d’Abu Bakr ! Ne t’est-il pas parvenue la nouvelle qui circule à ton sujet ?
Ce fut ainsi que 'Aïcha prit connaissance des dénigrements dont elle était injustement l’objet. Elle pleura longtemps au point qu’elle sentit son cœur se détacher de sa poitrine. Elle s’en prit à sa mère qui l’avait laissé dans une ignorance absolue :
– Qu'Allah te pardonne ! Les gens disent du mal de moi et tu ne me dis rien de ce qui se passe autour de moi !
Oum Rouman la calma en lui affirmant qu’elle était une femme bonne et aimée de son mari. Cet éloge ne calma pas 'Aïcha pour autant. Elle passa la nuit éveillée, des sanglots agitant sa frêle poitrine et de grosses larmes coulant sur ses joues roses.
'Aïcha était loin de s’imaginer que le Prophète allait prendre au sérieux ces racontars. Il n’allait pas, tout de même, prendre en considération de telles insanités et méchancetés déversées sur elle. Elle savait, elle, qu’elle était victime d’un complot, fondé sur des accusations injustes. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que son mari défendait son honneur et le sien. En effet, le Prophète prit témoin une assemblée de personnes :
– Ô vous les gens ! Quelle est l’intention de ces hommes qui portent préjudice à ma famille et disent sur elle ce qui n’est pas la vérité ?
La majorité des musulmans partageait les soucis de leur Prophète et l’épreuve qu’il traversait. Ils étaient en colère contre eux, qui colportaient des mensonges et portaient atteinte à l’honneur d’une épouse noble, sage et pure. Ils demandaient vengeance contre ces dénigreurs. Il va de soi que ce qui touchait à la dignité de la famille du Prophète se répercutaient sur eux-mêmes.
Le Prophète voulait entendre les conseils afin de définir la position à prendre, car il était à la fois agité et soucieux. Aussi alla-t-il voir Ali et Oussama Ibn Zayd. Celui-ci prit la défense de 'Aïcha en affirmant qu’il ne savait sur elle que du bien et que tout ce qui se disait n’était que pur mensonge.
Quant à Ali, il prit une position qui la désavantageait. En effet, il dit au Prophète qu’il n’avait pas à se soucier du cas de 'Aïcha car ce n'étaient pas les femmes qui manquaient. Il avait donc loisir de la remplacer et de choisir celle qui lui conviendrait. Alors le Prophète questionna Barira, la servante de 'Aïcha :
– Ô Barira, N’as-tu jamais rien vu dans la conduite d’Aïcha qui aurait pu éveiller des soupçons ?
– Par celui qui t’a envoyé avec la vérité, je n’ai jamais rien vu de mal dans la conduite de 'Aïcha pour la blâmer.
Le Prophète sortit de la maison, triste et accablé par une douleur morale. Il se dirigea vers la maison d’Abu Bakr . 'Aïcha s’y trouvait, les yeux gonflés de larmes. Il y avait à ses côtés des visiteuses parmi les femmes des Ansars. Son père et sa mère étaient là également et la regardaient en gardant le silence, ne sachant quoi lui dire.
Pour la première fois depuis l’éclatement du faux scandale, l’Envoyé d'Allah s’assit aux côtés de 'Aïcha et lui adressa la parole.
– Ô `Aïcha ! Tu es au courant de que se disent les gens à ton sujet. Crains Allah ! Si tu as fait le mal dont les gens parlent, repens-toi à Allah, car Allah accepte le repentir de ses serviteurs.
Aïcha n’en croyait pas ses oreilles. Ainsi, le doute habitait la pensée de son mari. Elle se tourna vers son père et sa mère, espérant qu’eux-mêmes répondraient à sa place à son époux. Ils déclarèrent :
– Par Allah ! Nous ne savons pas quoi répondre.
Il ne restait plus à 'Aïcha qu’à se défendre elle-même. Ses larmes se remirent à couler, alors elle se tourna vers son mari et lui dit avec insistance : – Par Allah ! Je ne me repentirai jamais à Allah à propos de ces accusations. Je ne peux pas confirmer ce que les gens colportent sur moi. Allah sait que je suis innocente. Je ne peux pas dire ce qui n’existe pas. Mais si je démens ce qui se dit, vous ne me croirez pas. Je dirais seulement ce que le père de Joseph a dit : "Il ne me reste que la Patiente ! C'est à Allah qu'il faut appeler au secours contre ce que vous racontez ! "
La révélation
'Aïcha déclarée innocente
Le Prophète n’avait pas encore quitté la pièce qu’il perdit connaissance. Son inconscience était de celle qui précédait la descente de la révélation. Les présents le recouvrirent de son vêtement et placèrent un coussin sous sa tête. Le père et la mère de `Aïcha se tordaient de peur, craignant que la révélation dévoile possible crime commis par leur fille. Quant à celle-ci, elle garda son calme, certaine de son innocence et sachant que Dieu ne serait point injuste envers elle.
Quelque temps après, le Prophète se réveilla de son inconscience. Il s’assit en essuyant la sueur qui coulait de son front. Il dit alors, le sourire aux lèvres :
– C’est une bonne nouvelle pour toi Ô 'Aïcha. Allah a révélé ton innocence.
Abou Bakr expira fortement comme s’il voulait libérer un poids énorme qui obstruait sa respiration. Quant à Oum Rouman, elle bondit de la place où elle se trouvait, emportée par la joie qui la saisit. Elle fit signe à sa fille de se lever et d’aller vers son époux. `Aïcha répondit spontanément :
– Par Allah ! Je n’irai pas vers lui. Je n’ai qu’à louer Allah, le Puissant, le Glorieux ! C’est lui qui a fait descendre mon innocence.
Puis, elle se tourna vers son père alors qu’il s’approchait d’elle. Abou Bakr , les larmes aux yeux, embrassa le front de sa fille. Celle-ci lui dit : – Ô père ! M’avais-tu soupçonnée ? Il répliqua : "Quel est le ciel qui m’aurait recouvert et quelle est la terre qui m’aurait supporté si je t’avais accusé de quelque chose que j’ignorais. "
Quant au Prophète , il se remémora la douleur que 'Aïcha avait enduré à cause d’une accusation injuste. Il sortit aussitôt de la maison, se dirigea directement à la mosquée et récita les versets révélés au sujet de 'Aïcha :
Allah dit : "Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Ne pensez pas que c'est un mal pour vous, mais plutôt, c'est un bien pour vous. À chacun d'eux ce qu'il s'est acquis comme pêché. Celui d'entre eux qui s'est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment. Pourquoi, lorsque vous l'avez entendue (cette calomnie), les croyants et les croyantes n'ont-ils pas, en eux-mêmes, conjecturé favorablement, et n'ont-ils pas dit : "C'est une calomnie évidente ? Pourquoi n'ont-ils pas produit (à l'appui de leurs accusations) quatre témoins ? S'ils ne produisent pas de témoins, alors ce sont eux, auprès d'Allah, les menteurs.N'eussent-été la grâce d'Allah sur vous et Sa miséricorde ici-bas comme dans l'au-delà, un énorme châtiment vous aurait touchés pour cette (calomnie) dans laquelle vous vous êtes lancés, quand vous colportiez la nouvelle avec vos langues et disiez de vos bouches ce dont vous n'aviez aucun savoir ; et vous le comptiez comme insignifiant alors qu'auprès d'Allah cela est énorme. Et pourquoi, lorsque vous l'entendiez, ne disiez-vous pas : "Nous ne devons pas en parler. Gloire à Toi (Ô Allah) ! C'est une énorme calomnie ? Allah vous exhorte à ne plus jamais revenir à une chose pareille si vous êtes croyants. Allah vous expose clairement les versets et Allah est Omniscient et Sage.Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux, ici-bas comme dans l'au-delà. Allah sait, et vous, vous ne savez pas." (Coran 24/11-19)
Et par ordre d'Allah , les calomniateurs furent fouettés ainsi : Et ceux qui lancent des accusations contre des femmes chastes sans produire par la suite quatre témoins, fouettez-les de quatre-vingts coups de fouet, et n'acceptez plus jamais leur témoignage. Et ceux-là sont les pervers, (Coran 24/4)
"Ô Allah, vivifie nos cœurs et accorde–nous les mêmes grâces que celles qu’ont reçues nos nobles prédécesseurs !"
Wa Allâhou A’lam
Allah est le plus savant
Seul Allah est Parfait.
Le savoir parfait appartient à Allah, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que paix et salut soient sur notre Prophète Mohammed , ainsi que sur sa Famille, et qu’Allah soit satisfait de ses successeurs (califes) bien dirigés : Abou Bakr, 'Omar, 'Othman et Ali et les autres compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.
Si j'ai écrit quelque chose qui contredit ce qu'Allah dit, ou ce que le Prophète Mohammed a dit, fait ou toléré, ou un principe établi par consensus, il s'agit d'une erreur de ma part et l'influence du diable, cela est à délaisser. Seul le Prophète Mohammed est infaillible dans ce qu'il a dit ou a fait.
Je demande humblement à Allah de m'accorder la sincérité dans l'intention et Sa Clémence et d'unir tous les musulmans
sous la bannière du Prophète Mohammed afin que nous soyons parmi les gagnants le Jour du Jugement.