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Safiya, fille de Houyayya radi allahu anhu

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La sixième année de l’hégire prit fin après que deux événements, l’un gai et l’autre triste, eurent lieu dans la Maison du Prophète saws. Ce fut d’abord le mariage avec Juwayriya radi allahu anha1 et ensuite l’affaire du collier de ‘Aïcha radi allahu anha1. Il eut ensuite le pacte de Hudaybiyya signé avec les associateurs.

Au début de la septième année de l’Hégire, le Prophète saws se prépara à affronter, dans une bataille décisive, les Juifs qui l’avaient trahi dans celle du "Fossé". Il fallait mettre un terme à cette menace des Juifs qui exploitaient la moindre occasion pour, pensaient-ils, détruire les assises de l’Islam.

Au cours de la seconde moitié de Mouharram, l’Envoyé d'Allah saws se dirigea, à la tête de ses troupes, vers Khaybar, siège de ses ennemis irréductibles. Les musulmans sortirent victorieux après avoir détruit les forteresses des Juifs, tués les hommes et capturé les femmes.

Parmi ces dernières, il y avait Safiya Bint Huyayi Ibn Akhtab radi allahu anha1, qui descendait de la branche de Lévi fils de Jacob puis de Haroun, frère de Moïse (Moussa)alaihisalam. Elle n’avait pas encore dix-huit ans. En dépit de son jeune âge, elle avait été mariée deux fois, d’abord avec le poète de son clan, Sallam Ibn Mashkam, et ensuite avec Kinana Ibn ar-Rabi’. Elle faisait partie des nombreuses captives que les musulmans firent à Khaybar.

Safiya radi allahu anha1 contint sa douleur et s’efforça de garder sa dignité et son orgueil. Ce n’était pas le cas de sa cousine qui pleurait, se lamentait et jetait de la terre sur sa tête. Les deux femmes étaient traînées par Bilal. Le Prophète saws s’approcha d’elles. Il les regarda avec pitié et compassion. Il dit à Bilal :
 "Je vois que tu t’es dépouillé de toute miséricorde en traînant ces deux femmes qui viennent de perdre leur mari.

Après quoi, il jeta sur Safiya son manteau, ce qui signifiait qu’il l’avait choisie pour lui. Safiya radi allahu anha1 accepta immédiatement l’invitation à l’Islam du Prophète Mohamed saws il l’épousa. Certains peuvent se demander comment Safiya radi allahu anha1 put accepter l’Islam et épouser le Prophète saws.

Entrée de Safiya dans la Maison du Prophète

Quand le calme fut revenu et que la peur de Safiya radi allahu anha1 s’était quelque peu dissipé, il porta celle-ci derrière lui sur son chameau et se dirigea vers Médine. À mi-chemin, il s’arrêta. Il constata que Safiya radi allahu anha1 était plus sereine. Cette dernière était donc prête pour le mariage. Une coiffeuse vint la peigner, la maquiller et la parfumer. Les effets de la tristesse et de la souffrance disparurent complètement. Ce n’était plus la femme sortie du blocus de Khaybar, captive et humiliée.

À l’occasion de ce mariage, un banquet avait été organisé. Les invités mangèrent les bonnes choses prises de Khaybar jusqu’à satiété. Après quoi, le Prophète saws reprit le chemin de Médine, ayant toujours à l’esprit le premier refus de Safiya radi allahu anha1 de le prendre comme époux. Mais elle lui raconta un songe qu’elle avait fait avant la prise de Khaybar : La nuit de son mariage avec Kinana Ibn Rabi’, elle vit en rêve une lune se poser sur ses genoux. Elle le raconta à son mari qui lui dit en colère : En vérité, tu désires Mohammed saws, le roi du Hijaz. Le Prophète saws se réjouit de cette nouvelle. Il comprit qu’à présent, elle l’acceptait comme époux. Il ne voulait pas lui montrer sa satisfaction.

Les souvenirs de Safiya

Safiya radi allahu anha1 se remémorait les discussions des membres de sa famille qui parlaient de leur Livre annonçant la venue d’un Prophète saws. Elle se rappelait leur haine et leur déception quand ce Prophète saws émigra à Médine alors que cela aurait dû être pour eux une bonne nouvelle.

Safiya radi allahu anha1 se rappelait encore quand son père et son oncle paternel partirent à la rencontre de ce Prophète saws, entrant triomphalement à Médine. Ils ne revinrent qu’au coucher du soleil. Ils arrivèrent exténués et abattus par cette apparition. Safiya s’approcha d’eux pour entendre leur discussion. Ses deux parents étaient tellement soucieux qu’ils ne firent pas attention à sa présence.

Elle entendit son oncle dire à son père : " Est-ce bien lui le Prophète attendu ?"

Ayant reçu une réponse affirmative, il insista : " Tu l’as bien reconnu et tu en as la preuve ? Si c’est le cas, que ressens-tu à présent ?
"

Par Allah ! Mon animosité à son égard demeure et persiste, répondit le père de Safiya.

Cette conversation fait évidemment référence à la Torah des Juifs. Elle prédisait la venue d’un Prophète qui allait mener ceux qui le suivraient à la victoire. Avant l’arrivée du Prophète Mohammed saws à Médine, les Juifs avaient pour habitude de menacer les adorateurs d’idoles de Yathrib (Médine) à la venue du Messie. Avec lui, ils prétendaient exterminer les tribus qui refusaient de croire en Allah. Le Prophète Jésus (Issa) alaihisalam avait été clairement décrit dans la Torah sans pour autant être accepté par les Juifs quand il vint à eux. De même, la Torah décrivait clairement le dernier Prophète de sorte que les Juifs puissent le reconnaître aisément. Ainsi Ka`b Al-Ahbâr, l’un des Juifs de l’époque qui avait embrassé l'Islam, racontait que ce Prophète était décrit dans la Torah en ces termes : " Mon serviteur, Ahmad, l’Elu, naîtra à la Mecque puis émigrera vers Médine (ou Tayyibah - une des autres appellations de Yathrib). Sa communauté sera celle qui louera Allah à tout moment."

L’empoisonnement du Prophète

Pendant ce temps, les musulmans n’avaient pas oublié l’acte perfide d’une femme juive de Khaybar, à savoir Zaynab Bint al-Harith, épouse de Sallâm Ibn Mishkam, un des chefs du clan des juifs de Khaybar. Elle entra chez le Prophète saws alors que celui-ci se sentait tranquille depuis la reddition des Juifs et la conclusion de leur accord. Cette femme lui présenta un rôti d’agneau empoisonné après avoir demandé à ses Compagnons : "Quelle est la partie préférée de l’Envoyé d'Allah ?" Aussi força-t-elle la dose de poison dans la partie concernée.

À sa première bouchée, le Prophète saws dit : "L’épaule de ce mouton me dit qu’il est empoisonné !". Il appela la femme de Sallam qui reconnut avoir empoisonné la viande en disant : "Je me suis dit que si c’est vraiment un Prophète, alors Dieu te protègerait et tu ne serais pas nui et que si tu étais menteur, les gens seraient soulagés par ta mort". Zaynab la juive poursuivit ses propos en déclarant :  "J’ai maintenant la preuve de ta véracité, et je te prends à témoin qu’il n’est de dieu que Allah et que tu es Mohammed, le Messager d'Allah. Je suis ta religion !".

Le Prophète saws ne prit aucune mesure contre elle. Cependant, son compagnon, qui avait mangé une partie du rôti, mourut des conséquences de l’empoisonnement.

La vie familiale

Sur le chemin du retour à Médine, la chamelle, qui portait Safiya radi allahu anha1, trébucha et fit tomber celle-ci. Les femmes y virent un mauvais présage et dirent qu’il fallait éloigner d’eux cette Juive. Aussi, le Prophète saws préféra ne pas faire entrer Safiya radi allahu anha1 parmi ses autres épouses. Ainsi, il l’emmena chez un de ses Compagnons, Harith Ibn an-Na’man. Les femmes Ansarites se précipitèrent pour aller admirer la beauté de cette Juive. Entre temps, le Prophète saws reconnut ’Aicha radi allahu anha1, le visage entièrement recouvert, qui marchait d’un pas précipité. Aïcha radi allahu anha1 se dirigea à la maison dans laquelle Hafsa radi allahu anha1 l’attendait avec impatience pour connaitre l’opinion qu’elle avait sur la nouvelle mariée. Aïcha radi allahu anha1 ne nia pas que Safiya radi allahu anha1 était d’une grande beauté. Elle lui raconta aussi que leur époux la surprit à la sortir de la maison d’al-Harith ainsi que la discussion qu’elle eut avec lui.

En arrivant dans la maison du Prophète saws, Safiya radi allahu anha1 trouva deux groupes de femmes qui l’attendaient. D’un côté, il y avait ‘Aicha, Hafsa et Sawda radi allahu anhum et de l’autre, les autres femmes dont Fatima az-Zahra radi allahu anha1. C’était comme si ces deux groupes lui demandaient de quel clan elle allait faire partie. Il lui était difficile de choisir entre l’épouse préférée du Prophète saws et sa fille bien aimée. Aussi, décida-t-elle de ne pas prendre position pour l’une ou l’autre, mais d’entretenir plutôt de bons rapports avec toutes les femmes, qu’elles soient dans un clan ou dans l’autre. Cependant, Safiya radi allahu anha1 ne pouvait s’attendre à aucun mal de la part de Fatima radi allahu anha1 car celle-ci n’avait nullement l’intention de participer à ces antagonismes de femmes. Au contraire, elle recherchait la paix morale de son père.

La crainte de Safiya radi allahu anha1 ne pouvait venir que de la jalousie de Aïcha radi allahu anha1 qui ne supportait pas qu’une belle femme puisse venir s’associer à elle à l’intérieur de la Maison du Prophète saws. En effet, l’épouse préférée du Prophète saws, Hafsa radi allahu anha1 et les autres femmes radi allahu anhum s’enorgueillissaient de leur appartenance à la famille des Qurayshites et des Arabes. Quant à Safiya radi allahu anha1, elle n’était qu’une juive, donc une étrangère et une intruse.

Quant à Safiya radi allahu anha1 entendait les critiques et les sous-entendus de Aïcha et Hafsa radi allahu anhum, elle se plaignait au Prophète saws en pleurant. Elle lui disait : "Comment peuvent-elles prétendre être meilleure que moi alors que Mohamed saws est mon mari, mon père est Aaron et mon oncle paternel est Moïse alaihisalam⁣ ?

Le Prophète saws sentait que Safiya radi allahu anha1 était considérée comme une étrangère dans sa Maison. Aussi ne se privait-il pas de la défendre auprès des autres femmes, chaque fois que l’occasion se présentait. Au cours d’un voyage, le Prophète saws était accompagné de Safiya et de Zaynab bint Jahch radi allahu anhum. Chemin faisant, le chameau de la première se blessa et ne pouvait plus supporter un poids sur son épaule. Heureusement que le palefrenier de Zaynab radi allahu anha1 était spacieux et qu’il pouvait contenir deux personnes. Le Prophète saws lui demanda alors de cédé un espace à Safiya radi allahu anha1.

Zaynab radi allahu anha1 répondit avec hauteur et orgueil : "Moi, donner une place à cette juive !"

Cette réflexion fâcha l’Envoyé d'Allah saws. Il bouda Zaynab radi allahu anha1 deux mois ou même trois sans jamais l’approcher. Safiya radi allahu anha1 ne fut jamais privée de la protection de son mari jusqu’à la mort de ce dernier. Alors que le Prophète saws se trouvait atteint de cette maladie qui allait l’emporter, toutes les Mères des croyants radi allahu anhum se réunirent autour de son lit. Safiya radi allahu anha1 dit, en cette occasion : "Je jure par Allah, ô Messager d'Allah ! J’aurais aimé être atteinte à ta place du mal qui te fait souffrir. Les autres femmes se regardèrent en se jetant des clins d’œil, comme pour se dire que Safiya radi allahu anha1 ne pensait pas ce qu’elle disait. Le Prophète saws surprit leurs regards. Aussi leur dit-elle : "Cessez de faire des clins d’œil entre vous. Je jure par Allah que les paroles de Safiya radi allahu anha1 sont sincères". À la mort du Prophète saws, Safiya radi allahu anha1 perdit cette protection. Les gens n’avaient pas oublié qu’elle était d’origine Juive. Ils ne manquaient pas de la harceler, de temps à autre, pour lui rappeler ses origines, en dépit de la sincérité de son islam et de sa qualité d’épouse de l’Élu d'Allah. Ce fut ainsi qu’une de ses servantes alla voir l’Émir des Croyants, ‘Omar Ibn al-Khattab pour lui rapporter que Safiya saws pratiquait le Sabbat et priait à la manière des Juifs. Ce n’était, en réalité, qu’un pur mensonge, une invention destinée seulement à porter préjudice à sa maîtresse.

Le calife interrogea la Mère des croyants pour connaître la vérité. Safiya radi allahu anha1 lui répondit : "Quant au Sabbat, je ne l’aime plus depuis qu'Allah me l’a fait remplacer par le vendredi. Quant à être Juive, je ne peux pas nier cette origine puisque je suis d’origine Juive".

Lorsque Safiya radi allahu anha1 interrogea sa servante sur les raisons qui la poussèrent à lancer contre elle de telles calomnies, elle reçut cette réponse : "C’est Satan". Safiya radi allahu anha1 la congédia en décidant de la libérer de son asservissement : "Pars d’ici, lui dit-elle, tu es libre !"

Lors de la grande fitna, qui aboutit à l’assassinat de ‘Othman, Safiya radi allahu anha1 prit ouvertement position pour ce dernier. Ainsi, quand le troisième calife de l’Islam était encerclé par ses assaillants, elle allait, elle-même, lui porter à manger et à boire.

Safiya radi allahu anha1  mourut sous le califat de Mu’awiyya et fut enterrée au cimetière d’Al-Baqi avec toutes les autres Mères des croyants radi allahu anhum.

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